A Saclay, le métro de la discorde
© Le Monde. Béatrice Jérôme
JEAN-PAUL HUCHON enrage. L’« accord historique sur le Grand Paris » que le patron PS de la région Ile-de-France rêvait de passer avec le gouvernement avant la fin du mois a buté sur un mot : « métro ». Vice-président aux transports (Europe Ecologie-Les Verts) à la région Ile-de- France, Jean-Vincent Placé ne veut pas d’un « métro automatique » entre Orly (Val-de-Marne) et Saclay (Essonne). Candidat aux sénatoriales dans ce département, il en fait un argument de sa campagne. Les écologistes se sont toujours opposés au « bétonnage » du plateau de Saclay, grand territoire agricole avec l’accord tacite d’une partie de la droite locale qui tient à protéger son cadre de vie. Or un métro, s’il rend le territoire plus accessible, attire plus d’entreprises et de logements. C’est justement le grand pari de Nicolas Sarkozy : faciliter l’accès des chercheurs, des salariés et des étudiants à Saclay pour que ce site, qui abrite nombre de grandes écoles, de laboratoires de recherche, devienne une Silicon Valley à la française. « Qui peut imaginer attirer ici de grandes multinationales sans leur garantir des liaisons rapides, fiables et permanentes avec tous les grands centres de décisions français, européens et mondiaux ? Je ne céderai pas », avait redit M. Sarkozy, en visite à Saclay, le 24 septembre 2010. Ministre de la recherche, élue des Yvelines, Valérie Pécresse défend aussi le projet. Christian Blanc, ex-secrétaire d’Etat au développement de la région capitale, avait prévu un métro automatique passant sous le plateau pour relier Saclay à Orly via Massy (Essonne). La région, en charge des transports en Ile-de-France, n’a en revanche jamais proposé de métro pour desservir Saclay. Jusqu’à ce que M. Huchon arrête, le 5 janvier, avec le ministre de la ville Maurice Leroy, un plan de transports du Grand Paris dans lequel figure un « automatique » entre Orly et Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines). Seules concessions par rapport au projet Blanc : le métro, prévu en 2020, sera aérien. Il aura peu de wagons et comptera davantage de rames qu’en 2025. Même « léger », un « métro » n’est pas envisageable pour M. Placé. François Lamy, président de la communauté d’agglomération du plateau de Saclay, et no 2 du PS, n’y est pas non plus favorable. Il craint que le métro n’accapare les crédits pour achever le bus en site propre que la région tente de réaliser entre Orly et Saclay. « Saclay doit être desservi par un métro automatique », a réaffirmé M. Leroy, le 13 janvier. Claude Bartolone prévient : « On ne peut pas aller à un accord avec le gouvernement sur le Grand Paris sans les Verts avant les cantonales. » Le président (PS) de la Seine-Saint-Denis promet d’oeuvrer pour sortir du blocage.