DÉSINTOX; Age limite : foutage de gueule au sommet

© Libération, Alain Auffray

Cela ne surprendra personne. Mais Sarkozy père a bien quelque chose à voir avec la future accession de Sarkozy fils à la tête de l’Epad. Comme le révélait mardi le Figaro, l’Elysée a bien retoqué un projet de décret sortant de Matignon et levant la limite des 65 ans pour présider à l’aménagement de la Défense. Ce texte aurait permis à Patrick Devedjian, frappé par la limite d’âge, de conserver sa place de président de l’Epad comme il le souhaitait… mais aurait obstrué la voie pour Jean Sarkozy. La dérogation n’a pas survécu à son passage par l’Elysée. Interrogé hier sur cette intervention en haut lieu, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a fait mine de ne pas être au courant de l’affaire, mais a défendu le principe d’une limite d’âge sans dérogation : « Il y a des règles. A 65 ans, on cesse ses fonctions à la tête d’un établissement public. Elles valent pour tout le monde. Le gouvernement ne souhaite pas les modifier pour un cas particulier. »

La belle déclaration de principe de Chatel ne suffira pas à lever les soupçons. Car ce qui a été refusé à Patrick Devedjian… a été accordé ailleurs par l’exécutif. En témoigne le projet de loi relatif au Grand Paris, cher à Nicolas Sarkozy, et présenté en conseil des ministres par Christian Blanc le 7 mars. Dans son article 21, le texte définit les compétences de l’établissement public chargé de « la valorisation industrielle » des activités universitaires sur le plateau de Saclay, dans la banlieue Sud de Paris : « Acquisition immobilière, conduite d’opérations d’aménagement, mobilisation de financement. »

Bref, voilà un nouvel établissement dont les missions sont les mêmes que celles de l’Epad. Et qui, comme l’Epad, sera administré par un conseil composé notamment de représentants de l’Etat et des collectivités territoriales. L’article 23 précise que le président du conseil d’administration assurera la direction générale de l’établissement. En revanche, on trouve dans l’exposé des motifs qui accompagne ce projet de loi une savoureuse différence : il y est incidemment écrit qu’un futur décret d’application précisera « qu’il sera dérogé à la loi du 13 septembre 1984 relative à la limite d’âge dans la fonction publique à 65 ans pour le président du conseil d’administration ». Car l’exécutif aurait en tête un candidat qui n’est pas de première jeunesse. Si Devedjian avait encore le moindre doute, voilà la démonstration que son âge n’était qu’un prétexte pour l’écarter du quartier d’affaires. Et offrir la Défense à Jean Sarkozy.

« Il y a des règles. A 65 ans, on cesse ses fonctions à la tête d’un établissement public. Elles valent pour tout le monde. Le gouvernement ne souhaite pas les modifier pour un cas particulier. »

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