L’irrésistible ascension de Jean Sarkozy dans les Hauts-de-Seine
(c) Le Monde, 2009. B. J.
Le fils cadet du président de la République va prendre la présidence de l’EPAD à la Défense
Jean Sarkozy est appelé à régner sur le quartier d’affaires de la Défense. A 23 ans, le fils cadet du président de la République se prépare à être élu, le 4 décembre, à la présidence de l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (EPAD), un poste occupé jadis par son père, président du conseil général des Hauts-de-Seine, de 2004 à 2007. Le conseiller général du canton sud de Neuilly- sur-Seine poursuit son irrésistible ascension vers la conquête programmée du conseil général en 2011. |
Impuissant à repousser l’échéance, Patrick Devedjian en a pris son parti. Agé de 65 ans depuis le 26 août, le président (UMP) du conseil général est atteint par la limite d’âge qui l’oblige à renoncer à la présidence de l’EPAD. Jeudi 8 octobre, en l’absence de M. Devedjian, en déplacement à Dubaï, M. Sarkozy a reçu dans un » consensus absolu et intégral « , selon un élu, le soutien de tous les conseillers présents de la majorité à sa candidature au poste d’administrateur de l’EPAD.
» Principauté locale » Le conseil général dispose de deux sièges au conseil d’administration de l’établissement. M. Devedjian avait fait savoir qu’il souhaitait rester administrateur. En annonçant, jeudi, sa démission de son fauteuil à l’EPAD, Hervé Marseille, vice-président (Nouveau Centre) du groupe a providentiellement ouvert la voie à la candidature de M. Sarkozy. Le conseil général l’entérinera en séance plénière, le 23 octobre. Le conseil d’administration de l’EPAD devrait l’élire président le 4 décembre. » A la tête de la majorité au conseil général, Jean Sarkozy est le plus légitime pour représenter le département à l’EPAD. Il incarne l’avenir politique des Hauts de-Seine « , se félicite Thierry Solère, conseiller général (UMP) des Hauts-de-Seine. M. Sarkozy accède ainsi aux commandes – sans rémunération ni avantage en nature – d’un établissement qui, fin 2008, réalisait un chiffre d’affaires d’1 milliard d’euros et dégageait 350 millions de bénéfices grâce à la commercialisation des mètres carrés de bureaux du quartier d’affaires. Depuis la crise qui ralentit les investissements immobiliers, la Défense est menacée de déficit. Pour financer, notamment, les travaux d’aménagement, le gouvernement s’apprête à fondre dans un seul établissement l’EPAD et l’Epasa, l’établissement public d’Etat qui aménage les terrains de Nanterre depuis 2000. Alors que la Défense n’a plus guère de surfaces non bâties ou en friche, Nanterre possède encore une réserve de terrains propices à d’importantes opérations immobilières. En devenant, au plus tard en mars 2010, le patron de ce nouvel établissement public, l' » Epadsa « , Jean Sarkozy aura la haute main sur l’aménagement d’un périmètre de près de 800 hectares répartis sur Courbevoie, Puteaux, Nanterre et La Garenne-Colombes. Il se positionne à la tête du territoire le plus stratégique par son potentiel économique du futur Grand Paris, voulu par Nicolas Sarkozy. On assiste au renforcement d’une » principauté locale par succession de père en fils grâce à des manoeuvres de couloir « , protestent les élus socialistes des quatre villes concernées par l’Epadsa. » Au-delà des questions d’aménagement, il s’agit bel et bien d’assurer la pérennité du clan et de verrouiller les organes de décision de tout le secteur « , dénonce Patrick Jarry, le maire (PCF) de Nanterre. » L’objectif aujourd’hui doit être de bâtir une cathédrale et non plus de se complaire dans des querelles de clocher « , réplique Jean Sarkozy. |