Le pari du Grand Paris
7.09.2009 ©France info
L’énorme « chantier » du réaménagement de la capitale est lancé aujourd’hui, avec l’examen d’un projet de loi en Conseil des ministres. Un projet qui provoque déjà des levers de boucliers politiques, mais qui constitue d’abord un enjeu économique majeur.
Il s’agit de passer de Paris « ville capitale » à Paris « ville monde ». C’est-à-dire une métropole attractive pour toute la planète, par la qualité de ses réseaux de communication, des pôles d’excellence dans le recherche et l’industrie, sans oublier la qualité de vie. Le club est fermé. On y met aussi Londres, New-York et Tokyo. Pour assurer son statut, Paris est aujourd’hui à un tournant, enserré dans des frontières administratives trop rigides et sans grand projet de développement depuis 20 ans. D’où l’intérêt de ce Grand Paris. Avec une nouveauté majeure. Il ne s’agit plus de réaliser des nouveaux quartiers et de voir ensuite comment ils se relient, comme ça a été fait dans les années 60 avec La Défense et les villes nouvelles. Ca allait de pair avec le règne de l’automobile. Changement d’époque. Le réaménagement de la région parisienne s’opère d’abord cette fois par la construction d’un réseau de transport public : 130 km de métro automatiques qui relient le centre de Paris à moins d’une demi-heure de ses périphéries, aéroports compris.
Mais les investissements à réaliser sont considérables, qui va payer ?
35 milliards à mobiliser sur 15 ans pour réaliser ce supermétro. Mais si l’on tient compte des coûts de fonctionnement des nouvelles lignes, l’addition grimpe à 50 milliards. Ca veut dire de l’emprunt, mais pas seulement. Tout le monde va mettre la main à la poche. Le prix du billet augmentera. On parle aussi d’une taxe spéciale d’équipement grand Paris, de versements supplémentaires des entreprises, d’une taxe poids lourd. Au-delà des batailles politiques pour savoir qui va vraiment gouverner ce Grand Paris, ce financement ne va pas de soi. D’autant que dans les tuyaux, il y a aussi le grand emprunt de plusieurs dizaines de milliards pour investir dans l’innovation et la croissance verte. Dans les annonces, tout est possible. Après, il faudra faire des choix.
Emmanuel Kessler