Le Grand Paris franchit l’étape du conseil des ministres
© Le Point, 2009, avec la contribution d’Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
La création de 800.000 à un million d’emplois en 15 ans est attendue de ce projet qui a suscité des critiques chez les élus locaux, en raison des importantes prérogatives qu’il consent à l’Etat, et des remous jusqu’au sein même du gouvernement.
L’un de ses points les plus controversés est le droit de préemption et d’expropriation accordé à la puissance publique dans le périmètre de la quarantaine de gares du futur métro.
Signe de la volonté du chef de l’Etat d’aller vite, il réduit de moitié les délais des procédures administratives afin de permettre le lancement des chantiers en 2012-2013 pour une durée de dix ans.
CHACUN DANS SON RÔLE
Tête de liste de l’UMP pour l’Ile-de-France aux élections régionales de 2010, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, n’a pas été la dernière à exprimer des réserves sur le dispositif.
Christian Blanc n’a pas hésité pour sa part à interpeller sèchement le Premier ministre, François Fillon, sur des changements dans le texte qui ont été atténués par un ultime arbitrage à l’Elysée.
« Il y a eu discussion, et c’est normal, c’est sain, qu’il y ait des débats au sein d’un même gouvernement sur des choix qui doivent être arrêtés. Et à un moment il y a un arbitrage », a dit Luc Chatel.
Le porte-parole du gouvernement a confirmé implicitement que cet arbitrage avait été rendu par le président Nicolas Sarkozy en indiquant qu’il avait déclaré lors du conseil des ministres que « s’il n’y avait pas volonté politique très forte au plus haut niveau de l’Etat, ce projet ne serait pas possible. »
Interrogé à la sortie du conseil des ministres, Christian Blanc a répondu avec ironie aux critiques des élus locaux, inquiets de voir leurs marges de manoeuvre bridées.
« Pour l’instant, ce que je lis des déclarations de la région c’est que ses principaux dirigeants sont en campagne électorale. Il se trouve que ce n’est pas mon cas, » a-t-il déclaré.
« S’ils lisent attentivement le projet de loi, ils n’ont aucun risque de ce point de vue (sur leurs marges de manoeuvre-NDLR). Cela étant, il faut que chacun soit dans son rôle: c’est une région capitale, c’est une région monde, qui nécessite que l’Etat prenne ses responsabilités. »
L’ancien patron de la RATP et d’Air France, négociateur des accords de Matignon qui avaient ramené le calme en Nouvelle-Calédonie sous le gouvernement de Michel Rocard, espère que le texte de loi sera débattu au Parlement dès novembre, une date que n’a pas confirmée Luc Chatel.
Il prévoit encore la construction de 70.000 logements supplémentaires par an, l’extension de la ligne 14 du métro, du RER E, une gare TGV à La Défense et la transformation du plateau de Saclay (Essonne) en Silicon Valley à la française.
S’agissant du financement, le porte-parole du gouvernement a souligné que le débat était « ouvert ».
« Le rapport du (rapporteur de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Gille) Carrez a émis un certain nombre de recommandations, il y a des préconisations des uns et des autres, la décision n’est pas arrêtée », a-t-il dit.