La majorité municipale parisienne vent debout contre le projet Grand Paris
© Le Point, 2009, Josette Michy
Groupée derrière Bertrand Delanoë, mais sans les Verts qui déposeront leurs propres propositions, la majorité municipale parisienne (PS-PCF-MRC) dira tout le mal qu’elle pense du projet Grand Paris, mardi en conseil de Paris.
Le maire socialiste avait fait part au Premier ministre François Fillon de son « inquiétude » après avoir pris connaissance du texte adressé aux présidents des conseils généraux d’Ile-de-France et de la Région, les invitant à donner leur avis pour le 25 septembre.
Le projet du Grand Paris, en principe examiné le 7 octobre en conseil des ministres, vise à doter l’agglomération parisienne, conçue comme un ensemble de 9 millions d’habitants, des structures d’une « ville-monde ».
Il prévoit notamment la création d’un établissement public dénommé « Société du Grand Paris », ayant pour mission de réaliser des projets de transports.
Bertrand Delanoë demande la « reprise » du texte gouvernemental « dans le cadre d’une concertation qui donne aux collectivités locales la possibilité de participer réellement à l’élaboration de son contenu ».
Il souhaite aussi que « les projets d’aménagement autour des gares restent définis par les collectivités locales ».
Autant de griefs qui seront exposés devant le conseil de Paris par un voeu présenté au nom du PS, du PCF et du MRC. Les élus y affirment que ce projet « remet en cause directement les acquis de la décentralisation en Ile-de-France » et dénoncent « une fuite vers le passé, au nom d’une prétendue modernité ».
Le Grand Paris mettrait en place « un pouvoir d’exception, sans équivalent dans les autres régions françaises ». Bref, pour la majorité municipale, « l’Etat prend le pouvoir, sans mettre les moyens ».
Pierre Mansat, adjoint (PCF) chargé de Paris Métropole, a parlé jeudi de « rouleau compresseur », de « méthode intolérable et inacceptable » à propos de la « concertation » sur ce texte qui a soulevé un tollé à gauche, mais parfois aussi chez des élus de droite.
Devant la presse, la première adjointe (PS) Anne Hidalgo a dénoncé « l’attitude brutale vis-à-vis des collectivités locales » et mis en garde contre « la spoliation totale des sols autour des gares » envisagée dans le texte.
L’Association des maires d’IDF (AMIF), pluraliste, a demandé « un peu plus de temps pour la concertation ».
S’ils se félicitent du débat organisé par M. Delanoë, les Verts défendront leur propre voeu demandant le retrait du projet de loi qui « représente une imposture tant sur la forme que sur le fond ». Ian Brossat, président du groupe PCF, s’étonne qu’ils aient choisi de « faire bande à part » et y voit un « comportement un peu politicien en vue des régionales ».
Yves Contassot (Verts) insiste sur la priorité « d’améliorer l’existant », la question centrale étant « la solidarité des territoires » qui induit une péréquation « financière et fiscale ». Pour les Verts, « il n’est pas envisageable d’accroitre les déséquilibres actuels entre l’est et l’ouest, le centre et la périphérie ».
L’UMP Jean-François Lamour accuse M. Delanoë de « se servir de ce projet à des fins purement politiciennes » et d' »allumer ce front au moment où les Parisiens reçoivent leurs feuilles d’impôts locaux » en forte hausse. Selon lui, « la dynamique est du côté du président » Sarkozy et « l’immobilisme, c’est Bertrand Delanoë ».
Quant au Centre et Indépendants, qui a « toujours soutenu Paris Métropole » (lancé par Bertrand Delanoë), il est favorable au Grand Paris voulu par M. Sarkozy, soulignant ce projet peut créer « l’électrochoc afin qu’il y ait une croissance de 4% dans la région capitale ».