Jean-Paul Huchon en mal d’image

© Libération, Matthieu Ecoiffier

Le président PS sortant va devoir se montrer moins bonhomme.

C’est la rentrée des classes, et Jean-Paul Huchon reçoit dans son bureau, au rez-de-jardin de l’hôtel particulier de la région Ile-de-France. Le président des Franciliens revient de l’inauguration d’un lycée « haute qualité environnementale » à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). « Ségolène en fait des tonnes avec son lycée Kyoto, mais nous, on en a cinq en chantier », se désespère Patricia Blanchard, sa chargée de communication. Sauf que Royal, c’est Royal, et que Huchon, c’est Huchon. L’ex-directeur de cabinet de Rocard à Matignon a longtemps souffert d’un déficit d’image. Que la carte de transport Imagine R pour les jeunes, les festivals Rock en Seine et Solidays, financés par la région, ainsi qu’une interview mémorable dans Rock & Folk par « [s]on pote Philippe Manœuvre », n’ont pas réussi à combler.

Difficile aussi d’exister à côté du tonitruant maire de Paris, Bertrand Delanoë. Candidat à sa succession, Huchon compte bien se faire (re)connaître. Pour ses mérites et son bilan. Et non plus pour son « affaire avec la justice » : « Ça a été une épreuve personnelle lourde. J’ai été élevé dans une famille relativement modeste dans des principes chrétiens. » Il avait rejoint sa compagne au Festival de Cannes, sans lui demander ce qu’elle faisait là, alors qu’elle travaillait pour une boîte de production ayant remporté un marché de la région. En appel, le tribunal a reconnu qu’il n’y avait pas eu d’enrichissement personnel ni de détournement ou de préjudice pour la région. Bref, la justice l’a reconnu « digne d’exercer son mandat d’élu ». Le revoilà donc en selle, candidat, à 63 ans, pour un troisième tour de piste.

Pour cette bataille, il a fondu. « J’ai changé c’est vrai. J’ai perdu 11 kilos en dix-huit mois, ça permet d’être plus lucide. » Et ce grâce à un « régime à la soupe aux choux », conseillé par son ami Pierre Barthès, ancien champion avec qui il joue au tennis. « Jean-Paul a des qualités humaines qu’on retrouve peu en politique. Il fait attention aux autres. Il est passé par l’entreprise et les cabinets ministériels, ce n’est pas un professionnel de la politique », loue Manuel Valls. Sa deuxième qualité, selon Valls, est d’être « un homme de compromis » : « C’était intéressant quand il fallait trouver des accords avec l’UDF et le RPR puis au sein de la gauche plurielle. » Sauf que, pour cette élection, il devra se montrer moins bonhomme. « En 2004, la vague rose avait tout emporté. Cette fois, Huchon doit affronter Pécresse et subir la concurrence de Duflot. C’est en quelque sorte sa première véritable confrontation politique. La bataille en Ile-d e-France va être rude et très médiatique. Il faut qu’il reste lui-même, qu’on le sente, mais il ne faut pas qu’il ait peur du combat », juge Valls.

Candidat incontesté dans son parti, Huchon table sur son image de rassembleur et se tient à l’écart de Solférino. « Je ne me suis rendu insupportable auprès personne, sauf aux opposants les plus durs de l’UMP. Ça agaçait Karoutchi [candidat défait à l’investiture UMP, ndlr] que j’embrasse ses élus. » Dans le débat sur le Grand Paris, Huchon se pose en gardien du temple régional, face aux grignotages de Nicolas Sarkozy. Avec les Verts, il s’est très bien entendu : « Je leur ai confié de grosses responsabilités, j’aurais préféré continuer avec eux. » Face à Duflot et son imaginaire 100 % vert, Huchon joue la carte du gestionnaire : « En Ile-de-France, il y a 6,5 millions d’électeurs, un budget de 5 milliards d’euros. Avant de confier les clés d’une machine aussi lourde, il faut réfléchir à deux fois à qui peut assurer l’efficacité, le rassemblement et le dialogue. » A part lui, il ne voit pas.

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