Le Grand Paris divise les élus de Normandie

© Le Monde, Etienne Banzet   2009

Le Grand Paris divise les élus de Normandie

Rouen

Correspondant

Le Havre s’est vu confirmer la place de port du futur Grand Paris par Nicolas Sarkozy, venu, jeudi 16 juillet dans le port normand, expliquer comment il entendait « réparer l’oubli historique qu’a fait la France de sa vocation maritime ».

M. Sarkozy a repris la proposition de l’urbaniste Antoine Grumbach de « faire le choix stratégique que dicte la géographie: Le Havre, port du Grand Paris et la Seine, axe nourricier autour duquel la métropole a vocation à s’ordonner ». Le 29 avril, ouvrant l’exposition Grand Pari(s), 1e chef de l’Etat annonçait la construction d’un train rapide mettant Le Havre à une heure de Paris.

« Axe élyséo-havrais »

La volonté présidentielle a flatté les Havrais et leur maire UMP, Antoine Rufenacht. Mais elle a été accueillie avec méfiance à Rouen et à Caen, en Basse-Normandie; les élus socialistes de ces villes dénoncent un tracé qui les laisserait à l’écart. De fait, la SNCF n’a jamais cru à un TGV normand, en raison de la trop faible distance (140 km) qui sépare Paris de Rouen, où se trouve l’essentiel des voyageurs, et du cul-de-sac havrais, à un peu plus de 220 km. En 1988, Laurent Fabius, alors président de l’Assemblée nationale, élu PS de l’agglomération de Rouen, en avait fait l’expérience en annonçant un peu vite un futur TGV normand.

Depuis, des solutions alternatives ont privilégié une modernisation de la section entre Mantes et Paris, point noir de [a ligne. En mars, le secrétaire d’Etat aux transports, Dominique Bussereau, a pris l’engagement de relancer le chantier avec l’appui des collectivités. Il avait même signé une lettre de mission pour le préfet Jean-Pierre Duport, lorsque le président de la

République a sorti l’atout TCV.

Avec son homologue Laurent Beauvais (PS) en Basse-Normandie, le président du conseil régional de Haute-Normandie, Alain Le Vern (PS), n’a donc pas caché sa perplexité. « Nous ne pouvons prendre le risque de geler pour plusieurs années tout projet d’amélioration de nos liaisons vers Paris, sans aucune garantie qu’in fine le TGV verra bien le jour ! », a-t-il prévenu.

M. Rufenacht a suggéré de relocaliser, au nord de l’agglomération de Rouen, le projet de nouvelle gare sur la rive gauche de la Seine, pour assurer un tracé conforme à la grande vitesse. La députée socialiste, maire de Rouen, Valérie Fourneyron, n’a guère goûté l’intrusion dans les affaires locales de son collègue du Havre, se demandant s’il n’y avait pas là « prétexte à contourner Rouen, au propre comme au figuré, et à sacrifier les intérêts de l’agglomération au bénéfice d’un axe élyséo-havrais ». M. Fabius a pour sa part écrit à M. Sarkozy pour exiger

que la future ligne « prenne pleinement en compte l’agglomération de Rouen ». Le conseil municipal, toutes tendances confondues, a adopté une motion en ce sens.

« J’ai vu qu’il y avait des interrogations. Ce doit être une habitude », leur a répondu le président dans son discours du Havre. Il a toutefois annoncé que le TGV reliera Paris au Havre par Mantes et Rouen, et non par Cergy-Pontoise au nord de la Seine. Un détail qui remet en scène ce que l’on appelle ici le « projet Bussereau », plus consensuel.

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