« Grand Paris », premières ébauches d’un projet capital
© Le Point, 2009, Yves Clarisse

©Charles Platiau
Désengorger les transports, améliorer l’habitat, transformer Paris et sa périphérie en une métropole moderne, respectueuse de l’environnement : tels sont quelques-uns des défis à relever pour le futur « Grand Paris ».
Un pari vital pour l’Ile-de-France, où vivent 12 millions de personnes, soit un cinquième de la population française, et qui génère 30% du Produit intérieur brut du pays.
Nicolas Sarkozy, qui en fait l’une des priorités de son quinquennat, doit présenter mercredi les grandes lignes de ce projet en procédant aux premiers arbitrages, dans la lignée du baron Haussmann, créateur des grands boulevards au XIXe siècle, et de Paul Delouvrier, qui lança le RER en 1964.
En appuyant l’idée d’un Grand Paris, le président avait plaidé pour un projet « fort, original et réaliste ».
A la demande du chef de l’Etat, une dizaine d’architectes ont planché sur la question. Leurs projets, du plus sage au plus audacieux, sont exposés à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, où le président s’exprimera mercredi.
Jean Nouvel plaide pour des « éco-cités » où l’on oserait construire en hauteur, au-delà des 37 mètres actuellement autorisés. Le concepteur de l’Institut du musée du quai Branly a imaginé une cité du futur à Villacoublay, dans les Yvelines.
Yves Lion suggère d’autoriser chaque propriétaire de pavillon à construire 100 m2 supplémentaires sur sa parcelle, en faisant place à l’imagination et aux idées « vertes ».
Roland Castro ferait naître un quartier d’affaires du type de celui de La Défense sur une île artificielle bâtie sur la Seine au niveau de Vitry (Val-de-Marne).
Pragmatique, le Britannique Richard Rogers envisage des centrales souterraines pour le traitement des déchets et la production d’énergie. Poète, Frank Gehry, concepteur du musée Guggenheim de Bilbao, veut coiffer la tour Montparnasse d’une chiffonnade dorée et lui offrir trois soeurs plus petites.
JUSQU’À LA MER
L’urbaniste Christian de Portzamparc a dessiné un métro aérien immaculé, « l’Annulaire », au-dessus du boulevard périphérique et suggère de créer à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) une gare internationale née de la fusion des gares de l’Est et du Nord, aujourd’hui saturées.
Antoine Grumbach voit plus loin, jusqu’à la mer, en suggérant de mettre Paris à une heure de TGV du Havre (Seine-Maritime) tout en développant le trafic fluvial entre les deux villes.
La valorisation de la Seine, de la Marne et de l’Oise est d’ailleurs encouragée par les architectes, qui y voient un moyen naturel de transporter voyageurs et marchandises ou encore de protéger la capitale contre les inondations.
Au chapitre des transports terrestres, le plus urgent à régler, deux idées sont sur la table, dont celle de Christian Blanc, secrétaire d’Etat chargé du Développement de la région capitale, d’un métro souterrain automatique reliant les futurs pôles économiques avec les aéroports et les gares TGV.
Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France, imagine, lui, un réseau de métros ceinturant la capitale pour favoriser les déplacements banlieue-banlieue.
Aux dires de ce dernier, les deux projets, d’un coût supérieur à 20 milliards d’euros et appelés à voir le jour à l’horizon 2020, ne sont « pas incompatibles ».
Pour parvenir à ses fins, Nicolas Sarkozy aura besoin de s’entendre avec les élus socialistes locaux, et notamment le maire de Paris Bertrand Delanoë, qui auront le pouvoir de financer ou non une partie des projets finalement arrêtés.
Outre la question des transports, celle du développement économique pose la question de la valorisation de plusieurs sites et villes de la banlieue parisienne.
Un pôle d’excellence pour la recherche devrait ainsi s’installer sur le plateau de Saclay (Essonne). Même idée pour Roissy-Le Bourget-Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis) dans le domaine de l’aéronautique et du côté de Rungis (Val-de-Marne), où le plus grand marché au gros du monde pourrait être doté une gare à vocation européenne.
Selon un sondage CSA pour Le Parisien réalisé les 22 et 23 avril auprès de 1.009 personnes, 77% des Français, et 81% des Franciliens pensent que le Grand Paris permettra d’améliorer les transports, et 71% (77% des Franciliens) qu’il favorisera le développement économique de la région.