Soupçons

Libération © Didier Pourquery

Quel dommage ! Le but de la réforme du « mille-feuille » local français paraissait louable au départ. Et moderne aussi, au moment où chacun souhaite un réaménagement des échelons de l’Etat. Mais la forme qu’a prise cette démarche suscite maints soupçons. Nous sommes, encore une fois, dans ce processus en pleine sarkozie triomphante. Le président de la République décide (le Grand Paris, le redécoupage régional…), on met en place une commission qui depuis la capitale va dans le sens de ce que veut le chef, puis on fait passer le tout en force. Le bonapartisme sarkozien à l’œuvre. Il est donc logique que la polémique enfle autour des innovations régionales proposées, des fonctions des conseillers territoriaux, des attributions des uns et des autres. On ne voit pas bien où ce projet veut aller, chacun le soupçonnant d’instituer une France aux relents néoféodaux. Mais le soupçon principal concerne les arrière-pensées politiciennes de la « proposition » Balladur.

Les régions et de nombreux départements sont aujourd’hui gérés par la gauche. Cela paraît sans doute insupportable à l’hôte de l’Elysée, déjà peu enclin à respecter les corps intermédiaires ; et cela suscite dans son parti un désir de revanche qu’il doit flatter. Alors que de son côté un secrétaire d’Etat prépare discrètement le redécoupage électoral, la commission Balladur par ses orientations semble préparer un habile rééquilibrage des pouvoirs locaux. Histoire d’aider la droite à reprendre la main dans les collectivités clés. Dans cette ambiance, la réforme du mille-feuille est bien mal partie !

Didier Pourquery

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