Plus de forêt dans le Grand Paris des archis

Libération © Sibylle Vincendon

Urbanisme . Dix cabinets rendent leur copie aujourd’hui.

Vous l’avez oublié mais, en octobre 2007, Nicolas Sarkozy a fait un grand geste créatif pour le Grand Paris : il a lancé une consultation internationale d’architectes-urbanistes chargés de réfléchir à l’avenir de la métropole. Six groupes français et quatre étrangers (menés par Christian de Portzamparc, Jean Nouvel, Roland Castro, Antoine Grumbach, Yves Lion, Djamel Klouche, Richard Rogers, Finn Geipel, Bernardo Secchi et Winy Maas) ont été ainsi retenus pour imaginer « la métropole du XXIe siècle post-Kyoto » appliquée à la capitale.

Aujourd’hui, le processus s’achève. A midi, les participants devront avoir rendu leur copie au ministère de la Culture. Pas de gagnant, pas de perdant : tous sont juste censés accumuler idées et pistes. Sur tout : aménagement, mobilités, habitat, économie, gouvernance, etc. L’ensemble sera exposé fin avril à la Cité de l’architecture à Paris. Tour d’horizon de quelques propositions.

Pôles forts. En fait, les architectes n’ont pas carburé sur tout. La politique – qui gouverne, sur quel périmètre, élu par qui ? – est quasiment absente de leur réflexion (lire ci-contre). L’équipe Nouvel estime même qu’il n’est pas nécessaire de créer une nouvelle structure administrative. Pas beaucoup d’économie non plus, sinon le constat, par l’équipe Klouche, qu’il faut des pôles forts comme la Défense ou Roissy et donc se résoudre à ouvrir à l’urbanisation des territoires actuellement vides. Peut-être les équipes ne se sont-elles pas senties capables d’avoir un avis sur les moyens de créer de la croissance, donc de la richesse, et de la répartir au mieux entre les zones.

Ce qui domine dans les rendus, ce sont des questions écologiques et urbanistiques. Demande-t-on aux architectes une métropole qui lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ? Ils répondent forêt. Planter un million d’arbres autour de Roissy plus une vingtaine de petites forêts (équipe Rogers). Obtenir 30 % à 40 % de forêt en plus, et l’exploiter pour le chauffage et la construction (équipe Lion). Faire de la « foresterie dispersée », ce qui consiste à introduire de la forêt dans toutes les parcelles de la ville (équipe Grumbach).

Beaucoup de réflexions aussi sur l’énergie, et plutôt ambitieuses. L’équipe Secchi veut un « Grand Paris 100 % durable », en évaluant les possibilités de production d’énergie renouvelable dans le territoire. Chez Rogers, on chiffre l’objectif : 90 % des sources d’énergies de la métropole devraient être renouvelables.

L’autre grand pan des rendus des participants est logiquement leur métier : l’urbanisme. On réfléchit sur des lieux précis comme l’équipe Nouvel qui promet des tours, et pas seulement à la périphérie de Paris, et va formuler des propositions pour l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, pour les villes de Gennevilliers et La Courneuve, pour la zone Roissy-Le Bourget. Souvent, les équipes prétendent trouver des terrains à bâtir dans « tous les territoires banals qui n’existent pas » (équipe Klouche), dans les « espaces résiduels » (équipe Secchi) ou l’espace public des quartiers ou même les parkings des supermarchés (équipe Lion). C’est la course à l’astuce.

Métro aérien. Même démarche dans certaines propositions purement architecturales, comme celle de l’équipe Secchi qui imagine un système pour construire sur les toitures des grandes surfaces ou des entrepôts. Enfin, sur la question cruciale des transports, l’équipe Castro imagine trois boucles de tramway et un métro automatique aérien au-dessus de l’A86.

Sibylle Vincendon

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