Grand Paris : les équipes d’architectes-urbanistes à mi-parcours
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Jeudi 11 décembre, les dix équipes d’architectes–urbanistes –accompagnées de leur cortège de consultants et d’universitaires- ont achevé la première étape de leur réflexion sur l’avenir du Grand Paris pour les deux ou trois prochaines décennies.
Cette première phase s’est conclue par l’audition des équipes devant le conseil scientifique (composé d’urbanistes, de chercheurs et autres experts) et le comité de pilotage (composé de représentants de l’Etat et d’élus). Pour l’occasion, l’ensemble des participants s’étaient judicieusement transportés dans le Grand Paris, à savoir l’université Paris 8 à Saint-Denis.
A ce stade, les auditions consistaient pour les architectes-urbanistes à livrer leur vision de la métropole du 21ème siècle, dite « post-Kyoto », avant d’appliquer, dans une deuxième phase, le résultat de leur réflexion au cas de l’agglomération parisienne. Car, comme l’a bien précisé Christine Albanel, ministre de la culture et maître d’ouvrage déléguée de cette consultation (Nicolas Sarkozy en étant le commanditaire), « s’il s’agit bien d’un laboratoire d’idées, ce n’est pas le lieu de l’utopie : les idées doivent s’inscrire dans une réalité qui est celle de la métropole parisienne, avec son étalement urbain, ses transports collectifs saturés, sa mono-centralité, son manque d’espaces verts… ».
Les architectes-urbanistes ont bien compris le message. Tout en maniant l’analyse et le concept, ils restent les pieds ancrés dans le réel, avec en tête la configuration actuelle de l’agglomération parisienne. Si les processus de pensée et les démarches suivies semblent d’une grande diversité (avalanche de statistiques et profusion cartographique chez les uns, observation des paysages et des modes de vie et comparaison avec des métropoles étrangères chez les autres), les propositions esquissées visent toutes plus ou moins à faire émerger ou à consolider des centralités fortes autour de Paris. Christian de Portzamparc parle de « rhizomes » (Plaine de France, plateau de Saclay, la Défense), Djamel Klouche de « lieux d’insulation à haute valeur ajoutée » (les mêmes..), Richard Rogers de « polycentrisme compact », Roland Castro de « lieux incandescents ». L’équipe Grumbach se démarque néanmoins en militant pour le développement d’une agglomération linéaire le long de la Seine, de Paris au Havre.
Les questions environnementales sont également présentes partout (mais pas forcément mises ostensiblement en avant), notamment dans l’équipe Lion où l’on travaille notamment sur les forêts, les bois, et les grands parcs ou dans l’équipe Secchi sur le développement de zones humides le long du fleuve.
« Le travail est en train de prendre » constatait Michel Lussault, géographe et co-président du Conseil scientifique, même si des questions restent encore en suspens : faut-il remplir les zones peu denses, faut-il limiter les déplacements… Les concepts et les pistes dégagées dans cette première étape se préciseront dans la deuxième phase (rendue fin février 09), avec probablement un fort recours à l’image, pour illustrer des propositions situées dans le territoire. Au final, une exposition à la Cité de l’architecture, programmée pour fin avril 09, permettra aux parisiens (intra ou extra muros) de prendre connaissance de toute cette matière grise sous une forme que l’on espère attractive, esthétique et pédagogique. Un autre défi à relever.
Gilles Davoine