Quelle reconfiguration territoriale? Quelle reconfiguration démocratique?
© Revue esprit n° 348, extrait de l’article de Olivier Mongin
Pourquoi consacrer un dossier d’Esprit au Grand Paris, rebaptisé Région Capitale à l’occasion du chantier ouvert par Nicolas Sarkozy sur l’avenir de Paris et le devenir des métropoles après Kyoto? Alors même que parlait de « revanche des villes » sur une capitale parisienne longtemps soumise aux bons (et mauvais) vouloirs de l’Etat et de l’Hôtel de Ville, pourquoi mettre en avant la ville centre et sa région? Et Pourquoi se pencher sur le sort de cette ville historique qui fut la capitale d’un Etat alors que aucuns n’y voient plus désormais qu’une ville musée?
Excentrée du monde, Paris? Certainement pas quand on examine son PIB et la dynamique économique de l’Île-de-France. Mais comment se résoudre à un partage des rôles qui attribueraient au Petit Paris les museées , le tourisme et le Patrimoinie, au Grand Paris l’économie et la compétition? De manière plus prosaïque, pourquoi accompagner le bon vouloir de Nicolas Sarkozy qui réclame des plans d’architectes, des tours, une ville moderne appelée métropole et compétitive sur le plan mondial? Pourtant, au-delà du branle-bas de combat et de querelles d’égo où chacun (professionnels, politiques, Etat) cherche à tirer les marrons du feu, il ya là une situation paradoxale et des défis à relever. Alors même que les grandes communautés urbaines françaises se considèrent déjà comme des métropoles et que Paris est vue de l’étranger comme une métropole (c’est-a-dire comme une ensemble économique et non pas comme le seul Paris intra muros), il est essentiel de faire bouger l’imagerie parisienne. Paris est déjà une métropole, elle est perçue comme cela, et elle vit de facto sur ce mode alors que les représentations et les institutions ne sont guère mobiles.
Même si l’architecte Yves Lion parlait déjà de « métropole » en 1988 et que le plan projeté par henry Prost en 1934 recoupait déjà celui du territoire métropolitain de 2008, Paris, le petit comme le Grand, doit devenir mentalement et institutionnellement une métropole digne de ce nom. C’est tout le sens de la Conférence métropolitaine animée par Pierre Mansat depuis plusieurs années. Devenir une métropole, donc! Non pas pour s’adapter aveuglément au monde économique ou s’imposer à d’autres métropoles dans l’Hexagone, mais pour redevenir elle même, retrouver un rôle historique et ne pas essuyer de nouveaux échecs cinglants, à commencer par le challenge olympique. Ici même, aucun auteur ne se risque à formuler la bonne définition de la métropole, on ne la trouvera d’ailleurs pas dans les projets des dix équipes d’architectes retenues par le ministère de la Culture et de la Communication. Mais nous partirons, c’est le cas de tous les auteurs réunis, du constat initial que la métropole, tant sur le plan démographique qu’a l’échelle du territoire, existe de facto à Paris comme ailleurs dans le monde…et Hexagone. bref, ce sont les Nantais qui nous rappellent que la complexité d’un territoire évolue plus vite que les cadres institutionnels. Paris métropole, oui! Mais une métropole lieé aux autres métropoles de l’Hexagone en voie de formation (Toulouse, Lyon, Bordeaux, Rennes, Strasbourg, Lille…) et aux autres métropoles européennes et mondiales.
Esprit n°348, p.60-61