Blanc dévoile lentement son plan
La métropole parisienne prend forme et, cette fois, ce sont enfin les plans du gouvernement qui se dessinent. Après sept mois de discrétion et de silence, Christian Blanc, secrétaire d’Etat au Développement de la région capitale, présentera vers la fin du mois à Nicolas Sarkozy le schéma d’aménagement précis de la zone autour du plateau de Saclay.
L’ambition est de créer là une Silicon Valley à la française, « sans doute l’un des clusters [pôles, ndlr] les plus importants d’Europe » , résume Christian Blanc. Le site compte déjà des poids lourds comme l’université Paris-Orsay, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ou l’école Polytechnique, en cours de rapprochement avec HEC et Centrale pour peser dans la compétition internationale des formations. L’équipe de Blanc, dirigée par le chercheur Pierre Veltz, montrera une organisation de cet ensemble, avec des plans de ce que pourrait être un « urbanisme scientifique », autrement dit un schéma des proximités nécessaires entre disciplines. Près de 1 800 hectares de verdure encadreront des implantations de bâtiments pour l’enseignement, les entreprises et le logement des étudiants, chercheurs ou travailleurs du site. Ce sera le lieu emblématique de l’économie de la connaissance que Blanc veut développer.
Polarités. Au cours du mois de décembre, le secrétaire d’Etat présentera le deuxième grand pôle d’aménagement, au nord, entre le boulevard périphérique et l’aéroport Charles-de-Gaulle. L’activité sera plus classiquement économique, mais « le point commun avec Saclay sera la clusterisation », dit Christian Blanc. Autrement dit, une organisation par « polarités », à partir de ce qui existe déjà sur cet axe. Elles tourneront entre autres autour de l’aviation, en raison de la présence du musée de l’air et de l’espace, autour du tourisme d’affaires en lien avec le parc des expositions de Villepinte ou encore autour de la création, car les studios de la plaine Saint-Denis sont proches.
Au-delà de ces deux grands secteurs, l’équipe de Blanc boucle aussi un plan d’ensemble pour donner une cohérence à la métropole, et aborder en particulier la délicate question des transports. Ce sera au menu en février ou mars 2009. Le point épineux, c’est celui d’une rocade autour de Paris. La RATP défend Métrophérique, un métro souterrain de petite couronne. La SNCF avance un projet de rocade ferrée de moyenne couronne et la région un système baptisé Arc Express. « Le problème, souligne Christian Blanc, c’est que les seules propositions viennent des transporteurs. Quelqu’un fait défaut : un maître d’ouvrage qui définisse les priorités. Il y a peut-être d’autres façons de répondre aux besoins banlieue-banlieue. » Une rocade de transport collectif est certaine, elle figure d’ailleurs dans la loi du Grenelle de l’environnement. Mais sa forme reste à préciser.
S’y ajoutera un plan de voirie routière. « Les deux tiers des déplacements continueront à se faire en voiture » , insiste Christian Blanc. Il avait déjà évoqué par le passé les progrès à venir dans la voiture électrique. « Il y a une réflexion qui n’a pas été faite, sur les voiries aptes à recevoir des véhicules de type nouveau dans les vingt-cinq ans qui viennent. »
Croissance. L’affaire se bouclera enfin avec des propositions sur la gouvernance – quelle forme de collectivité, dirigée comment – qui n’interviendront pas avant fin 2009. Ce point ne préoccupe pas encore Christian Blanc : « nous n’y avons pas consacré une heure de travail en équipe », dit-il. Le projet d’abord. « Ce qui se fait ici sera très important en terme de croissance, insiste le secrétaire d’Etat. Il n’y a que deux catégories de métropoles : celles qui font une croissance dans la moyenne nationale et celles qui font le double. »
Pour lui, le Schéma directeur d’Ile-de-France (Sdrif), voté par la Région, est loin du compte. Il a demandé au gouvernement de ne pas transmettre le Sdrif au Conseil d’Etat, bloquant de fait sa validation. A la région, il a, dit-il, « proposé de différer le vote de six mois. Il n’y a pas eu de volonté de la région de saisir cette ouverture ». Le Sdrif devant être validé « conjointement » , selon la loi, par l’Etat et la région, « ce document devrait avoir la force de la région et de l’Etat pour être légitime. Et je pense que ça finira comme ça », poursuit Christian Blanc.
Les propos sont plus positifs pour la démarche « convergente » de la Conférence métropolitaine initiée par la ville de Paris. Une démarche qui avance de son côté avec désormais un nom officiel – Paris Métropole – et un périmètre d’action qui touche 8 millions d’habitants.
- Sibylle Vincendon