Région et Etat s’écharpent sur l’avenir de l’Île-de-France

© L’Express

Alors que le conseil régional d’Île-de-France, présidé par le socialiste Jean-Paul Huchon, a largement adopté jeudi 25 septembre le nouveau schéma d’aménagement (Sdrif), le gouvernement refuse de le transmettre au conseil d’Etat. Derrière la querelle économique se profile la bataille des élections régionales de 2010.

Passer du 7e arrondissement parisien au 1er, en passant par l’Elysée, prend tout au plus une heure. Ce lundi, le Sdrif en était à son 5e jour de voyage. Parti du conseil régional d’Ile-de-France jeudi dernier, ce schéma d’aménagement doit faire l’objet d’un décret du Conseil d’Etat signé par François Fillon pour enfin entrer en vigueur.

Problème, l’Etat bloque l’adoption définitive de ce texte qui vise à organiser le développement de l’Ile-de-France jusqu’en 2030. Dernier épisode en date dans cette bataille entre le gouvernement de droite et la région de gauche, l’entrée en jeu de Bertand Delanoë. Le maire PS de Paris a jugé ce lundi « inadmissible » que le gouvernement veuille bloquer ce texte. « Dans ce pays, je n’ai jamais vu ça, c’est une conception de la démocratie très autoritaire et très dangereuse », a déclaré Bertrand Delanoë, qui s’est dit « définitivement solidaire de la région, du Sdrif et de sa légimité ».

Une opposition droite-gauche sur fond de prévisions de croissance

Pourquoi un tel blocage? Le secrétaire d’Etat au développement de la région-capitale, Christian Blanc, avance plusieurs raisons. La principale concerne l’hypothèse de croissance choisie par la Région: 2% par an. Trop faible à son goût et pas suffisante pour lancer les projets que réclame, selon lui, le Grand Paris.

Au lendemain de l’adoption du Sdrif par le conseil régional, Christian Blanc a regretté que Jean-Paul Huchon, président socialiste du conseil régional, n’ait pas reporté de « quelques mois » le vote, afin de connaître quel était le projet du gouvernement pour la Région. Blanc devrait en effet présenter autour de février 2009 les contours de son plan pour le développement parisien, avec des pôles de développement et un schéma de transport.

« On ne va pas se fâcher, tempérait vendredi le secrétaire d’Etat. On va comparer, et on comparera en effet dans quelques mois, et peut-être qu’à ce moment là, on ne sait jamais, la région dira « Eh bien finalement, ça vaudrait peut-être la peine que l’on travaille ensemble ».

Si le but était donc de travailler main dans la main dans la plus sereine des ambiances, c’est raté. Vendredi toujours, Jean-Paul Huchon regrettait que Christian Blanc refuse de transmettre le texte au Conseil d’Etat, ce qui, de fait, bloquait toute mise en oeuvre du schéma prévu pour organiser l’aménagement de la région jusqu’en 2030.

Pour la gauche, le secrétaire d’Etat est en service commandé pour l »Elysée, qui rêve de voir Roger Karoutchi ou Valérie Pécresse remporter la région en 2010.

« Ce serait une attitude républicaine que de tenir compte de l’avis de l’Assemblée, exprimé dans le cadre des lois de la République, dès lors que la loi confie clairement à la Région la conduite de la révision du Sdrif », a expliqué Jean-Paul Huchon. Avant de lâcher: « De la fenêtre de M. Blanc, l’Ile-de-France serait en jachère. Sa lunette ne cible pas assez fin et sa vue est floue ».

Coincé entre le gouvernement à droite et la Région à gauche, entre Jean-Paul Huchon et Christian Blanc, le Sdrif n’est toujours pas arrivé jusqu’au Conseil d’Etat, et la route semble encore longue.

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