Logement social – « Paris doit donner l’exemple »

Benoit Hasse © Le Parisien, tous droits réservés.

BERTRAND DELANOE avait annoncé sa création durant la campagne électorale. Le comité de vigilance de la Ville de Paris entre officiellement en fonction ce matin. Cette instance, composée de cinq experts du monde universitaire ou associatif, sera chargée de vérifier que les promesses de campagne du candidat Delanoë, dans les domaines du logement et de la solidarité, sont tenues. Un contrôle « indépendant » et sans concession comme l’explique Patrick Doutreligne, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, qui préside le nouveau comité. Comment allez-vous exercer votre rôle de vigie de la politique municipale ? Patrick Doutreligne. La condition pour la création de ce comité, c’était la garantie d’une totale liberté d’accès aux informations de la mairie. Nous serons en contact avec les adjoints et les services concernés (urbanisme, logement, solidarité…).
Les engagements qui ont été chiffrés – le nombre de logements livrés par exemple – seront tout simplement mesurés et donneront lieu à la rédaction d’un tableau de bord. Les politiques non chiffrées seront évaluées de façon plus globale. Les cinq experts du comité tiendront une réunion mensuelle. Nous rédigerons ensuite un rapport (tous les ans ou tous les six mois, cela reste à définir), qui sera transmis au Conseil de Paris et, peut-être, publié. Votre action est-elle limitée au contrôle du respect des promesses de campagne ou s’agit-il de faire des propositions ? Notre rôle n’est pas de refaire le programme de la majorité municipale. Dans un premier temps, nous nous attacherons à vérifier qu’il est respecté… Et si les résultats nous semblent insuffisants nous le dirons. Cela dit, nous nous laissons aussi la possibilité d’avancer ensuite des pistes pour mieux adapter les politiques aux besoins constatés. Nous avons programmé des missions d’étude dans de grandes villes européennes pour comparer les expériences de lutte contre la crise du logement. La question des sans-abri à Cologne, la gestion des hôtels meublés à Londres, l’habitat alternatif à Helsinki… Nos conclusions seront transmises aux élus. L’objectif des 40 000 logements sociaux de plus d’ici à 2014 vous paraît-il suffisant ? Même s’il s’agit d’un engagement plus fort que ceux pris par le passé, il sera évidemment insuffisant pour une ville qui compte plus de 100 000 demandeurs de logements sociaux. Le problème du logement ne peut pas se régler simplement à l’échelle de la capitale et nous nous réservons le droit de donner notre avis sur le Grand Paris. Mais il faudra de toute façon veiller à inverser la tendance à la boboïsation du coeur de l’agglomération que nous avons constaté ces dernières années. En matière de logement social, Paris doit donner l’exemple.
Présidé par Patrick Doutreligne, le comité de vigilance qui sera mis en place aujourd’hui est composé de quatre autres membres : Agnès Martinel, ancienne magistrate et présidente de tribunal d’instance, Nicole Maestrachi, présidente de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (FNARS), Michel Mouillard, économiste et enseignant à Paris-X, et Patrick Peugeot, président de la Cimade, le service d’entraide et d’accueil des migrants.

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