EUX, ILS Y CROIENT

. Jannick Alimi, Marc Lomazzi et Frédéric Mouchon, Le Parisien, 5 juin 2008, © Tous droits réservés

A L’HEURE OÙ NICOLAS SARKOZY recevait les architectes chargés de plancher sur le Grand Paris, nous avons demandé à un responsable de la SNCF, un membre d’association de banlieue et un chef d’entreprise de réagir sur le projet. « Faire sauter les bouchons ferroviaires ». Thierry Mignauw, directeur du réseau SNCF d’Ile-de-France, dresse les atouts qu’il voit au Grand Paris : « Le projet m’intéresse parce qu’il offre la capacité de résoudre mieux et plus vite les problèmes posés à la région parisienne. Il faut dépasser les querelles et les polémiques pour dégager des consensus. En matière de transport notamment, qui est sujet structurant pour l’avenir de la région, les enjeux sont très importants. Le réseau des transports ferroviaires d’Ile-de-France a vu son trafic augmenter de 25 % en huit ans. C’est considérable ! On n’a pas pu suivre. D’où les problèmes de retards et de saturation.

Si le Grand Paris aide à prendre les bonnes orientations et à accélérer la mise en oeuvre des solutions, ce sera très bien. » « Une chance pour la banlieue ». Ameziane Abdat, président de l’association Zy’va, qui organise des cours de soutien scolaire pour les enfants du quartier du Petit-Nanterre, est formel : « L’intérêt principal du Grand Paris serait à mes yeux de rééquilibrer les territoires en améliorant la vie des banlieusards. Aujourd’hui, Paris concentre toutes les grandes écoles et les centres culturels importants. Je rêve de voir s’installer de belles salles de spectacle à Saint-Denis ou à Créteil. Il y a par ailleurs des différences notables entre les départements, en termes de richesse, d’infrastructures ferroviaires ou de logements sociaux. On le voit dans les Hauts-de-Seine, où de nombreuses villes ne contribuent pas assez à l’effort général en matière de construction de HLM. En s’affranchissant de l’échelon local, le Grand Paris permettrait peut-être de décloisonner les choses. Mais je ne suis pas naïf : je sais très bien que ça coince au niveau des départements et de la région, qui veulent continuer à gérer leur pré carré. Si le Grand Paris ne sert qu’à rajouter une couche supplémentaire, alors ce n’est pas la peine. » « Nous nous préparons déjà ». Le Grand Paris, Alain Ziegler, chef d’entreprise, l’appelle ardemment de ses voeux : « C’est une démarche excellente à laquelle nous nous préparons déjà. » Le patron de Rand, l’un des leaders de la bijouterie fantaisie, avec un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros et 180 salariés, arbore des marques populaires comme Bala Boosté ou Lollipos. Pour lui, il n’y a plus de place intra-muros pour des activités artisanales ou semi-industrielles. Rand s’apprête ainsi à délocaliser ses ateliers de montage et de préparation de commandes de bijouteries à Pantin (Seine-Saint-Denis). Quelque 60 employés vont bientôt quitter les trois immeubles du III e arrondissement de Paris. « Avec les voies piétonnes et les contraintes logistiques qui interdisent aux camions de circuler à certaines heures, ce n’est plus possible de continuer à travailler comme par le passé », souligne Alain Ziegler. Le regrette-t-il ? « Au contraire. Cela libérera de la place dans nos locaux parisiens pour l’accueil de la clientèle et les ateliers de style… » Ce qu’il attend du Grand Paris ? Une meilleure transversalité des transports en commun. « Aujourd’hui, les lignes SNCF et RATP sont toutes dirigées vers la capitale, alors les salariés qui habitent dans les banlieues du nord-est doivent se rendre à la gare du Nord puis prendre le RER pour rejoindre Pantin. C’est absurde. J’espère que le projet permettra de rationaliser tout ça. »

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