Interview de Jean Nouvel
par Bertrand Greco, © Blog Pierre Mansat
Pour moi, le Grand Paris sera polycentrique.
Vous faîtes partie des dix architectes retenus par le président Sarkozy pour réfléchir à l’évolution urbaine du Grand Paris. Quelles pistes de réflexion allez-vous mettre en avant?
Quand on accepte de répondre à un concours d’ordre stratégique comme celui-ci, c’est qu’on a déjà une philosophie et des convictions ancrées. Comment peut-on continuer à fabriquer, améliorer, humaniser nos grandes agglomérations? Pour moi, le Grand Paris sera polycentrique; la Défense sera l’un de ces centres. La proposition qui sera retenue, en janvier, devrait déterminer la législation sur le Grand Paris. Ma conviction, c’est que toutes les villes du monde se développent selon des règles trop simplistes, basée sur la mono-fonctionnalité des quartiers. Je pense qu’il faut inverser la machine, en prenant en compte l’histoire et la géographie.
Elle craint, dit-elle, que vous ne deveniez « le nouveau Le Corbusier »…(Rire) Ce serait un honneur: je trouve que Le Corbusier était un plasticien génial. En même temps, je ne suis pas un héritier, je ne partage pas ses conceptions de la ville. D’ailleurs, on m’a souvent considéré comme quelqu’un de sacrilège par rapport aux idées du maître. Mme Ceccaldi-Raynaud veut peut-être dire qu’elle a peur d’une architecture qui s’exprime de manière moderne. Mais le monde bouge, l’architecture doit bouger avec lui. Pas question de pasticher les immeubles existants. Il faut innover.
Elle menace de ne pas faire voter la révision du Plan d’occupation des sols (POS) par son conseil municipal. Peut-elle bloquer le projet?
Je ne souhaite pas commenter davantage cette prise de position. Je vais en parler avec elle dans les jours qui viennent, essayer de comprendre ses inquiétudes. L’architecture, c’est aussi l’art d’intégrer les contraintes. Si je peux prendre en compte certaines de ses préoccupations, je le ferais. La tour doit être terminée en 2013 ou 2014.