Jean-Paul Huchon :  » On dirait que je suis devenu l’ennemi public numéro un « 

Béatrice Jérôme. © Le Monde tout droit réservés

EN ANNONÇANT, mardi 27 mai, une rallonge de  » 250 à 300 millions d’euros  » à destination de la RATP pour moderniser le RER A, Nicolas Sarkozy a repris l’offensive contre Jean-Paul Huchon, le président (PS) de la région Ile-de-France qui pilote le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF).  » Il y a un problème de gouvernance  » dans la région, a déploré M. Sarkozy. Dans un entretien au Monde, M. Huchon, qui vient de proposer à l’Etat de participer à un plan de développement des transports franciliens de 17 milliards d’euros sur dix ans, répond aux attaques.

N’êtes-vous pas affaibli par les critiques de M. Sarkozy ?

On dirait que je suis devenu l’ennemi public numéro un ! C’est un honneur d’être ciblé ainsi ! Si Nicolas Sarkozy m’attaque autant, c’est parce que les Franciliens voient ce que la région fait pour eux. C’est cela qui doit gêner Roger Karoutchi – le président du groupe UMP au conseil régional – ou Yves Jego – élu UMP de Seine-et-Marne – qui trépignent en disant :  » La région ! La région !  » Je les attends avec beaucoup de tranquillité. Le jour de l’épreuve électorale, ils auront des difficultés car j’ai une vraie proximité avec le grand public.

Patrick Devedjian vous reproche une mauvaise gestion des transports.

M. Devedjian n’a pas de leçon à me donner. A la tête de l’UMP, il a tout raté. A la tête du conseil général des Hauts-de-Seine, il est assis sur un tas d’or qu’il ne veut pas partager avec personne et surtout pas avec les départements défavorisés.

M. Karoutchi vous accuse de  » matraquage fiscal  » et de gaspiller l’argent de la région dans des opérations à l’étranger ?

C’est une plaisanterie ! La taxe foncière – la seule que la région perçoit sur les ménages – n’a augmenté en moyenne que de 6 à 8 euros depuis 2004 pour chaque foyer. M. Karoutchi n’a jamais compris l’importance de la coopération décentralisée. Et pour cause, il ne voyage pas.

Pourquoi dénoncez-vous l’idée du Grand Paris ?

Je suis régionaliste – et même fédéraliste. Je ne veux pas d’une nouvelle structure qui affaiblirait la cohérence du projet régional. Une communauté urbaine de 7 millions d’habitants, ce serait la mort de la région Ile-de-France dans sa cohésion et sa solidarité. Heureusement l’idée, lancée par M. Sarkozy, a fait long feu.

Christian Blanc, secrétaire d’Etat au développement de la région-capitale, a-t-il les moyens de ses ambitions ?

Le développement du plateau de Saclay (Essonne, Yvelines), qu’il juge prioritaire, ne fait pas l’unanimité parmi ses amis politiques. Ses collègues ministres, Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet, élues de ce territoire, ne veulent pas voir surgir 50 000 logements dans les champs de blé actuels ! Comme M. Blanc, j’ai envie que Saclay devienne une Silicon Valley. La région est très impliquée dans ce projet comme elle l’est dans celui de Plaine-de-France (Seine-Saint-Denis) ou dans le développement de Roissy que M. Blanc veut accélérer. Je ne suis pas certain que pour orchestrer de tels projets, un ministre ou un préfet aient plus de légitimité qu’un président de région élu par 6,5 millions de personnes.

 

 

  • Propos recueillis par Béatrice Jérôme

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