Concours de desseins pour le Grand Paris

Sibylle Vincendon. © Libération tout droit réservés

On ne s’ennuie pas devant le feuilleton du Grand Paris. La semaine dernière, on y faisait de la politique, avec l’audacieuse proposition du sénateur UMP Philippe Dallier (Seine-Saint-Denis) de fusionner les quatre départements centraux et d’élire un maire du Grand Paris. Cette semaine, c’est projets. En clair, le Grand Paris pour quoi faire ?

Bévue. A cette question, devront répondre dix équipes qui seront retenues lors de la grande consultation internationale lancée par Nicolas Sarkozy lui-même cet automne. L’appel d’offres, publié par l’établissement de maîtrise d’ouvrage du ministère de la Culture, demande de réfléchir à rien moins que « la métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto », puis d’appliquer le résultat à l’agglomération parisienne tout en creusant un thème (transports ou logement par exemple). L’ensemble en six mois et avec des « modes de représentation originaux » : des dessins que l’on puisse montrer au public. Le travail est considérable, la récompense financière l’est moins (une indemnité de 200 000 euros si l’on est retenu et basta), mais toute l’architecture française est en effervescence sur ce concours à haute dose de prestige.

Les candidatures sont closes aujourd’hui. Les équipes doivent être menées par un architecte ou un urbaniste, mais comprendre aussi paysagistes, laboratoires de recherche ou chercheurs, bureau d’études, entre autres. La liste des sélectionnés devait en principe contenir cinq équipes françaises et cinq étrangères. Mais la réalité pourrait être plus complexe car, à la faveur d’une bévue juridique, les délais ont été repoussés et les équipes se sont multipliées, mêlant souvent Français et étrangers. L’affaire avait démarré sur une « logique de casting » comme dit un des concurrents, logique dans laquelle des stars comme Jean Nouvel ou Christian de Portzamparc semblaient avoir une place réservée. En est-on toujours là ? Mystère. Avant la prolongation du délai, 41 équipes avaient déposé un dossier. Il pourrait bien y en avoir davantage aujourd’hui. Les dix gagnantes seront sans doute annoncées par le Président début juin.

Barre. Les lauréats plancheront jusqu’à fin 2008, et leurs travaux devraient contribuer à nourrir la pensée du tout nouveau secrétaire d’Etat à la Région capitale, Christian Blanc. Tel Paul Delouvrier qui fonda les villes nouvelles et le RER à la grande époque gaulliste, Blanc doit aussi insuffler du contenu à toute réforme. Si les architectes urbanistes répondent à cette commande ultra-ambitieuse, il ne devrait pas manquer d’inspiration. Mais la barre est haute.

Hier, Roger Karoutchi, ministre des Relations avec le Parlement mais surtout chef de file du groupe UMP au conseil régional, a dressé une liste qui pourrait intéresser les candidats. Pour le Grand Paris, il faut, dit-il, « des grands gestes architecturaux » puis « deux écopolis [pôles écologiques, ndlr] et des écoquartiers » et aussi « un très grand pôle d’affaires à l’Est » sans oublier « un grand campus universitaire ». Karoutchi n’est pas Blanc, certes, mais ils voisinent dans le même gouvernement.

 

 

  • Sibylle Vincendon

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