« Il suffit d’appliquer la loi Chevènement »

· Florence Hubin © Le Parisien, tous droits réservés

Pourquoi se pose-t-on la question de créer un Grand Paris ?

– Patrick Devedjian: L’anomalie, c’est que Paris est la seule grande ville de France qui ne soit pas dans un processus d’intercommunalité. Toutes les autres métropoles font partie d’une communauté urbaine, mais Paris reste arc-bouté sur son statut de ville capitale… Comme ministre des collectivités locales, j’avais déjà proposé que la ville de Paris fusionne avec le département de Paris, mais les élus l’avaient refusé. Comment faire entrer Paris dans l’intercommunalité ? C’est le processus de la loi Chevènement, une loi de gauche, qui organise les choses de manière démocratique et très simple… On consulte les communes qui se situent dans une continuité territoriale, les conseils municipaux se prononcent. Si, dans le périmètre, des villes minoritaires refusent d’entrer dans la communauté urbaine, l’Etat peut le leur imposer. Cela a fonctionné partout en France, pourquoi pas à Paris ?

Quel est l’intérêt pour des villes comme Neuilly ou Nanterre d’entrer dans une communauté de communes ?

– Elles participeront et bénéficieront du régime de péréquation (NDLR : redistribution des richesses) par le partage des recettes fiscales et de projets communs. La communauté urbaine peut par exemple s’occuper des transports, du logement. Ainsi, Neuilly ne peut pas enfouir seule la N 13. Mais, à l’échelle d’une communauté urbaine, ce projet est beaucoup plus envisageable… Autre exemple, l’opération Vélib’ : au regard du droit public, l’étendre à d’autres communes est impossible. Le problème ne se pose pas dans une communauté urbaine.

Et quel sera le rôle de la région, qui a en charge les transports notamment ?

– Le rôle de la région Ile-de-France sera le même que celui de la région Nord-Pas-de-Calais face à la communauté urbaine de Lille… Je m’étonne que l’on se pose ce genre de question ! Nous avons dix modèles autour de nous qui fonctionnent très bien depuis vingt ou trente ans. En ce qui concerne les transports, les Hauts-de-Seine y engagent déjà des sommes considérables, alors que ce n’est pas de la compétence du département, pour faire avancer les projets plus vite.

Quelles sont les résistances et, à l’inverse, les volontés pour faire avancer le dossier du Grand Paris ?

– Moi, j’y suis favorable. Un groupe de travail sur le Grand Paris va se mettre en place au sein de l’UMP, et je rencontre prochainement Christian Blanc. La vraie question que chacun se pose est : « Est-ce que le Grand Paris sera de droite ou de gauche ? » Aujourd’hui, Paris cumule tous les avantages, c’est la seule ville de la région qui supprime des logements pour faire des bureaux et les impôts locaux y sont extrêmement bas, au détriment des villes périphériques… D’où, sans doute, la réticence de son maire à engager un processus d’intercommunalité. Si Paris ne prend pas l’initiative, l’Etat pourrait le faire à sa place.

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