Gouvernement – Un drôle de déjeuner pour le Grand Paris
Nathalie Segaunes, Le Parisien, 3 avril 2008, © Tous droits réservés
Le tout nouveau secrétaire d’Etat en charge du Développement de la région capitale, Christian Blanc (Nouveau Centre), a fait ses premiers pas hier dans le marigot francilien. Roger Karoutchi, président du groupe UMP au conseil régional d’Ile-de-France, et surtout candidat au poste de président de région en 2010, avait invité celui auquel Nicolas Sarkozy a confié le délicat dossier du Grand Paris à un « déjeuner de travail ». En présence d’une vingtaine de ministres et/ou élus locaux UMP. Un déjeuner à huis clos dans un restaurant de la rue Mazarine (VI e ), mais sous le regard des journalistes grâce à une cloison vitrée, l’objectif de Karoutchi, au centre de la table, étant d’apparaître comme le principal artisan francilien du projet présidentiel.
Introduire « un peu de rêve » Arrivé en retard, Blanc, qui n’a pas dit un mot depuis sa nomination, s’est montré peu disert devant les micros. Expliquant qu’il allait d’abord « rencontrer tous les acteurs du dossier » (il déjeune aujourd’hui avec Jean-Paul Huchon, président PS de la région). Puis « réfléchir ». Et, « d’ici à quelques semaines seulement », s’exprimer. Il se contente d’affirmer pour l’instant que le Grand Paris est une « question complexe ». Qu’il l’aborde « sans aucun esprit partisan ». L’ancien président d’Air France ajoute : « Ce n’est pas de la prudence, seulement du sérieux. » Les interventions de Blanc au cours du repas n’ont guère permis aux convives d’en savoir davantage. Alors que le débat, « très techno » selon un participant, a porté sur le type de gouvernance, Blanc a simplement appelé ses interlocuteurs à introduire « un peu de rêve ». Christine Boutin, vice-présidente du conseil général des Yvelines, que l’on a souvent vue dire non de la tête, lâchera avant de rejoindre son ministère, avec une certaine franchise, qu’elle « n’avait pas besoin de ce déjeuner pour connaître les enjeux » du Grand Paris. L’intérêt de l’événement était donc dans le plan de table. Yves Jégo, maire de Montereau (Seine-et-Marne), secrétaire d’Etat à l’Outre-mer et rival déclaré de Karoutchi pour conduire les listes UMP en 2010, est arrivé le dernier et reparti le premier sans desserrer les dents, affichant ainsi sa désinvolture pour l’événement organisé par son adversaire. La présence de Pierre Charon, conseiller de Sarkozy, et de Daniel-Georges Courtois, conseiller de Fillon, indiquent que la question est suivie de près à l’Elysée et Matignon. Enfin, Rachida Dati, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Christine Lagarde ou Christine Albanel (bien seule en bout de table) n’ont guère fait oublier l’absence de Patrick Devedjian (président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine) ou de Jean-François Copé (maire de Meaux et chef de file UMP aux régionales de 2004) de ce déjeuner censé réunir les « principales personnalités politiques d’Ile-de-France ».