Anne Hidalgo: « Paris va changer de visage »

Bertrand Greco. © Le Journal du Dimanche tout droit réservés

Anne Hidalgo, la 1ère adjointe au maire de Paris prépare l’avenir. Tout d’abord celui de la capitale, avec des projets ambitieux de tours et de réalisations architecturales innovantes. Son avenir personnel ensuite, puisque Bertrand Delanoë, qui s’intéresse de près au sort du Parti socialiste, a promis de ne pas se représenter en 2014…

Bertrand Delanoë vient de former son nouvel exécutif. Quelles seront ses premières mesures pour Paris?
La priorité absolue, ce sont les 40 000 logements sociaux qu’on doit financer ; on va mettre le turbo immédiatement. Autres urgences: l’innovation et la recherche. Et la création d’une véritable institution de l’agglomération pour « Paris Métropole », avec les communes voisines, la région et l’Etat. Concernant les transports, on veut mettre en place le plus vite possible la navette fluviale, les bus de quartier ou l’Autolib’.
Vous prenez du galon dans la nouvelle équipe: « première adjointe chargée de l’urbanisme et de l’architecture« , ça change du « bureau des temps« …
Je suis ravie de mes nouvelles attributions. L’urbanisme et l’architecture sont des sujets passionnants. Et déterminants. Cela montre l’importance que le maire accorde à cet enjeu. Il l’a dit vendredi matin, dans son discours d’investiture: « Dans six ans, Paris aura changé de visage. » C’est pourquoi je souhaite, sans attendre, établir un dialogue avec les Parisiens sur les hauteurs, les formes architecturales, les nouveaux quartiers qui vont naître sur les friches de Masséna (13e), Reuilly (12e), Porte de la Chapelle (18e). Essayons de sortir du plagiat de l’haussmannien ; c’est très beau, l’haussmannien, mais il y a d’autres choses à imaginer. Quelles oeuvres architecturales laisserons-nous aux futures générations? On a l’obligation d’être respectueux de Paris et de son histoire, on se doit de préserver ce joyau. Mais sans s’interdire la créativité.

Après les couloirs de bus et les travaux de voirie, Bertrand Delanoë compte-t-il profiter de son second mandat pour laisser son empreinte dans la ville avec des gestes architecturaux forts?
En 2001, on a mis l’accent sur les transports et les déplacements, avec le tramway, le Vélib’, le partage de la voirie entre bus, vélos, piétons. Et on est allé très vite. L’ambition architecturale existe aussi depuis 2001. De nombreux chantiers ont été lancés. C’est aujourd’hui 1% du territoire parisien qui donne lieu à une opération d’aménagement. Mon prédécesseur, Jean-Pierre Caffet, a fait un travail formidable. Il a acquis du foncier, organisé la concertation, mis en place des outils importants: plan local d’urbanisme (PLU) et ZAC. Différents projets vont sortir de terre aux Halles, aux Batignolles, à Boucicaut, ou encore le stade Jean-Bouin, la fondation confiée à Frank Gehry au bois de Boulogne, le 104… En même temps, il faut inventer le paysage urbain de demain. On a la chance d’avoir, en France, de grands architectes et urbanistes qui travaillent partout dans le monde, mais un peu moins sur le territoire national. Avec ces architectes, je veux aller à la rencontre des Parisiens, dans chaque arrondissement, pour parler du visage de Paris d’aujourd’hui et de demain. Je veux me lancer dans un vaste travail pédagogique pour intéresser l’ensemble des Parisiens à l’évolution de la ville, pour écarter les réticences et lancer de beaux projets.

Êtes-vous la « Madame Tour » de Bertrand Delanoë?
Ma délégation ne se réduit pas au problème des tours. Mais cette question ne doit pas être taboue. Par exemple, la proposition d’installer le TGI de Paris à Masséna dans un bâtiment qui dépasserait les 37,50 mètres doit être étudiée de près. Les Parisiens sont traumatisés par la tour Montparnasse ou le front de Seine, construits dans les années 1970. Ils ne veulent pas que l’on commette les mêmes erreurs, ils ont raison. On n’a aucune intention, aujourd’hui, de construire des tours de logement. Quand on parle hauteur de construction à Paris, cela ne concerne que des équipements publics ou des opérations à vocation économique [bureaux et commerces]. On ne peut éluder ces questions, si l’on veut que notre ville soit dynamique, admirée, attractive.

Pourriez-vous imaginer des tours de 300 mètres de haut à Paris, comme celle prévue à la Défense?
La question ne se pose pas en ces termes et rien ne se fera sans les Parisiens. Il y a de la créativité à la Défense, c’est intéressant. Pour Paris, on verra. En tout cas, il faudra aller au-delà de 37,50 mètres, sur un certain nombre d’opérations, pas partout, pas au coeur de la ville, pas pour n’importe quelle destination. Rassurez-vous, on n’a pas prévu de transformer Paris en Manhattan. Il s’agira, en tout état de cause, de gestes exceptionnels à la périphérie de la ville.

La nomination de Christian Blanc au gouvernement, en charge du « Grand Paris« , est-elle une menace?
Il est évident que la métropole parisienne a besoin d’une institution dans laquelle la question de la solidarité fiscale serait posée. Cela ne peut se faire sans l’Etat et sans la région. De notre côté, on a des acquis et des propositions, élaborés au sein de la Conférence métropolitaine. On prend acte de la décision du président de la République de nommer un secrétaire d’Etat au développement de la région capitale. On verra quels seront ses projets et on essayera d’en tirer le meilleur profit. Ceci dit, que Jean-Paul Huchon puisse vivre comme une menace la nomination d’un tel secrétaire d’Etat ou que cela puisse être interprété comme l’anticipation de la campagne des régionales, c’est difficile de ne pas y penser.

Vous sentez-vous soulagée de ne plus être « l’otage » des Verts?
Qu’ils ne soient plus un groupe charnière, c’est plutôt une bonne chose pour la démocratie. On ne se retrouvera plus dans des situations difficiles qui nous amenaient à négocier en permanence. Cependant, on a besoin des idées des Verts, de leur influence et leur énergie. Et je pense qu’eux-mêmes doivent se sentir un peu « libérés » de ne plus être en permanence dans une position d’empêcheurs de tourner en rond.

Le PS peut-il se passer d’un leader comme Bertrand Delanoë?
Sûrement pas! Sa voix, son rôle, son franc-parler sont absolument indispensables au travail qui attend le Parti socialiste. Je sais que Bertrand Delanoë a la capacité de mener le travail collectif de consolidation dans la perspective du prochain congrès.

Il a annoncé qu’il ne fera pas de troisième mandat. Pourriez-vous être le prochain maire de Paris, en 2014 ou avant?
J’ai beaucoup appris aux côtés de Bertrand Delanoë, notamment qu’on ne répond aux questions que lorsqu’elles se posent. On n’est qu’au début de son second mandat, ne grillons pas les étapes…

 

 

 

 

 

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