Réélu, Bertrand Delanoë veut donner « un nouveau cap » à Paris
Laure Bretton, © Nouvel Obs
PARIS (Reuters) – Réélu maire de Paris pour un mandat de six ans, Bertrand Delanoë a promis de faire franchir un nouveau cap à la capitale.
Dans son discours d’investiture, le maire socialiste a mêlé enjeux locaux – construction de logements sociaux ou prolongation du tramway – et politique internationale, dédiant la journée à Ingrid Betancourt et au « grand peuple tibétain ».
« Face au silence glacial d’un monde indifférent, il mène une lutte inégale pour son droit inaliénable à la dignité et à l’existence. Nous sommes à ses côtés », a-t-il déclaré, suivant à la lettre près un discours écrit et distribué à la presse – une première.
Deux jours après la création d’un secrétariat d’Etat chargé de la « région capitale », Bertrand Delanoë a longuement évoqué la mise en place de la concertation entre Paris et les communes riveraines, choisissant ses mots avec soin.
« Le temps est venu de créer Paris Métropole », a-t-il expliqué, utilisant l’idiome des socialistes quand l’UMP lui préfère celui de « Grand Paris », un dossier dans lequel Nicolas Sarkozy s’est personnellement impliqué au début de l’année.
« Je souhaite travailler avec l’Etat », a expliqué le maire de Paris. Il faut « agir utilement pour la vie quotidienne des habitants (…) indépendamment de toute autre considération ».
« Dès 2001, nous avons voulu en finir avec cette capitale enfermée dans ses frontières (…) Ces liens renoués, ces partenariats rétablis, ce goût de l’échange restauré, il nous appartient désormais de franchir un nouveau cap », a-t-il dit.
Entre 2008 et 2014, la solidarité « sera au coeur de notre dynamique », le logement « notre priorité » avec la construction de 40.000 logements sociaux dont un tiers pour les classes moyennes, a déclaré Bertrand Delanoë, reprenant les grandes lignes de son projet.
SARNEZ EN JEANS ET TOUTE SEULE
« Nous faisons le pari de l’intelligence », a-t-il ajouté, réaffirmant son engagement d’investir un milliard d’euros – le budget annuel de la ville s’élève à sept milliards – dans l’innovation, la recherche et l’université. Animé d’une « ardente ambition culturelle », il a promis un « soutien inlassable aux forces de la création » et affiché l’ambition de « donner aux enfants le goût de l’art ».
« Je vous le dis, dans six ans, Paris aura changé », a-t-il affirmé, debout devant une grande tapisserie portant la devise de la capitale, « Fluctuat nec mergitur ».
Au fil de ses treize minutes de discours, il n’a pas eu un mot pour la bataille qui s’annonce pour prendre la tête du Parti socialiste.
« Je pense au passé, à l’avenir et à ce moment singulier où ils se rencontrent quand les espérances deviennent projets et que les projets se transforment en actes », a-t-il dit.
Au terme de son allocution au ton solennel, Bertrand Delanoë a salué l’assemblée la main sur le coeur, un geste venu de Tunisie « terre de tolérance » où il est né et qui « veut dire qu’il y a beaucoup à vivre ensemble ».
Au total, la « gauche plurielle » dispose de 99 sièges au Conseil de Paris, Bertrand Delanoë compris, dans la nouvelle assemblée, contre 63 au sein du groupe UMP.
Le maire sortant a été élu avec 98 voix pour et 63 bulletins blancs, l’UMP n’ayant pas présenté de candidat et annoncé son intention de voter blanc.
Deux élus de l’UMP n’ont pas pris part au scrutin : Véronique Vasseur, qui a démissionné lundi, et Pierre Lellouche, ex-candidat officiel dans le VIIIe arrondissement battu dimanche par le maire sortant et dissident François Lebel.
Pour cette reprise des travaux municipaux, les conseillers ont pris place dans l’hémicycle par ordre alphabétique.
En jeans et veste noire, sa marque de fabrique, Marielle de Sarnez, unique élue centriste contre dix dans la mandature précédente, s’est installée au dernier rang.
Bertrand Delanoë, qui a proposé au centre un « partenariat original » pour la future mandature, a salué sa « démarche » et affirmé que ses « convictions enrichiront légitimement notre travail collectif ».