» L’urgence est partout… « 

© Le Monde

Voici les principaux extraits de la conférence de presse donnée, mardi 8 janvier à l’Elysée, par Nicolas Sarkozy : le discours liminaire et les réponses aux questions posées par les journalistes

POLITIQUE DE CIVILISATION  » LA NOUVELLE RENAISSANCE  »

Le soir du 31 décembre, en présentant mes voeux aux Français, je leur ai dit mon intention de mettre en oeuvre une politique de civilisation pour que la France soit l’âme de la nouvelle Renaissance dont le monde a besoin.

(…) J’ai été élu en promettant un changement en profondeur. J’ai été élu au terme d’une campagne dans laquelle les valeurs ont tenu une place centrale (…). J’ai voulu remettre l’Homme au coeur de la politique.

Si la politique n’exprime pas l’idée que nous nous faisons de l’Homme, de sa liberté, de sa responsabilité, de sa dignité, qu’exprime-t-elle donc ? (…) Pendant la campagne présidentielle c’est bien cette question qui a été posée par la plupart des candidats, chacun à sa manière. Et si les choses se sont déroulées ainsi, c’est parce que les Français aspiraient à ce que le débat politique change de nature. C’est parce qu’ils avaient le sentiment que la politique n’allait plus assez au fond des choses, qu’elle ne disait plus rien sur l’essentiel. (…)

La politique de civilisation, c’est la politique de la vie. Edgar Morin a dit que c’était une  » politique de l’homme « . La politique de civilisation, c’est la politique qui est nécessaire quand il faut reconstruire des repères, des normes, des règles, des critères. Ce n’est pas la première fois que cette nécessité s’impose. Elle s’est imposée à chaque fois qu’un grand choc politique, économique, technologique, scientifique est venu ébranler les certitudes intellectuelles, morales, les institutions, les modes de vie. (…) A chaque époque, les réponses sont différentes, mais le défi est toujours le même : réconcilier l’ordre et le mouvement, l’identité et la modernité, aider le monde nouveau à naître et à s’organiser quand l’ancien n’a pas encore fini de se désagréger, réhumaniser la société, permettre à l’Homme de reprendre le dessus, de mettre le changement à son service, de s’approprier les nouveaux savoirs. (…) Edgar Morin, encore lui, a dit que les impératifs aujourd’hui d’une politique de civilisation sont le ressourcement identitaire, la moralisation, la solidarité, la convivialité qu’il oppose aux maux de notre temps que sont l’isolement, le cloisonnement, l’anonymat, la dégradation de la qualité de vie, l’irresponsabilité.

Ces objectifs, je les fais miens.

RÉFORMES  » UNE IMPATIENCE LÉGITIME  »

Après des décennies de réformes différées, de réformes manquées, après des décennies de conservatisme et de pensée unique qu’il aurait été si confortable de continuer, après des décennies de chômage de masse, de relâchement du lien social, de recul de la promotion sociale, de stagnation des salaires, de dévalorisation du travail, de déficits et d’endettement, l’urgence est partout. (…) Alors que j’ai tellement conscience de l’impatience des Français. (…) C’est avec François Fillon et son gouvernement, avec la majorité, ce que je m’efforce de faire depuis que j’ai été élu. C’est ce que je continuerai à faire parce que cette impatience est légitime et parce que c’est tout simplement mon devoir.

Mais dans la période où nous sommes, si l’on veut changer véritablement les choses, si l’on ne veut plus avoir le sentiment de subir, si l’on veut en finir avec une société où les enfants pensent qu’ils vont vivre moins bien que leurs parents, alors il faut aussi inscrire la politique dans la longue durée et dans la profondeur d’un projet de civilisation. C’est ce que je souhaite faire en 2008. Non pour m’éloigner des problèmes de vie quotidienne, non pour faire oublier les difficultés qui assaillent les Français qui seraient trop compliquées à résoudre, mais au contraire pour y revenir. (…)

CONSTITUTION  » GARANTIR L’ÉGALITÉ DE L’HOMME ET DE LA FEMME  »

En 2008, cette politique de civilisation s’exprimera d’abord dans la volonté de faire de notre démocratie une démocratie irréprochable grâce à la réforme de nos institutions que je souhaite ambitieuse. (…) Il faut cesser de parler d’un meilleur équilibre des pouvoirs et décider de revaloriser le rôle du Parlement. (…)

Il me semble que le moment est venu d’ajouter aux droits fondamentaux qui forment le socle de notre République les nouveaux droits que notre époque appelle. Après la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, après le Préambule de 1946 sur les droits sociaux, auxquels il ne faut pas toucher parce que ce sont de grands textes universels, je souhaite que le préambule de notre Constitution soit complété pour garantir l’égalité de l’homme et de la femme, pour assurer le respect de la diversité, pour rendre possibles de véritables politiques d’intégration ou pour répondre aux défis de la bioéthique.

J’ai demandé à Simone Veil, dont tout le monde connaît la hauteur de vue, de présider la commission qui sera chargée de rédiger un projet de texte. (…)

CROISSANCE  » CHANGER NOTRE INSTRUMENT DE MESURE  »

C’est avec la même volonté de mettre en oeuvre une politique de civilisation que je souhaite engager une réflexion sur les moyens d’échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives.

Car, si nous restons prisonniers de la vision restrictive du PNB – Produit national brut – , nous ne pouvons pas espérer changer nos comportements et nos façons de penser. Si les critères, les indicateurs de la richesse restent les mêmes, comment allons nous changer notre façon de produire et de réfléchir ? (…) Si nous voulons favoriser un autre type de croissance, il faut changer notre instrument de mesure de la croissance.

Là encore, la France veut donner l’exemple en prenant l’initiative de réunir un groupe d’experts internationaux de haut niveau pour réfléchir aux limites de notre comptabilité nationale et du PNB et à la meilleure manière de les surmonter pour que la mesure du progrès économique soit plus complète. Pour qu’elle prenne mieux en compte les conditions réelles et la qualité de vie des Français qui n’en peuvent plus de l’écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu et des difficultés croissantes qu’ils éprouvent dans leur vie quotidienne. Deux prix Nobel d’économie qui ont beaucoup travaillé sur ces questions ont accepté de conduire cette réflexion. Amartya Sen a accepté de m’apporter ses conseils et Joseph Stiglitz de présider le comité d’experts.

GRENELLE  » UNE AUTRE CROISSANCE  »

2008, ce sera l’année de la mise en oeuvre de ce qui a été décidé lors du Grenelle de l’environnement, ce sera le commencement de la construction d’une autre croissance, d’un autre modèle de développement, ce sera l’amorce d’un changement profond dans notre civilisation, dans son rapport à la nature, dans l’idée qu’elle se fait de sa responsabilité vis-à-vis de la planète, vis-à-vis des générations futures. Dans cet esprit, si la Haute Autorité qui se prononce – mercredi – soulève des doutes sérieux sur les OGM actuellement cultivés en France, je suis disposé à recourir à la clause de sauvegarde jusqu’à ce que la Commission européenne tranche le problème.

EDUCATION  » PRIORITÉ À L’ÉCOLE PRIMAIRE  »

En 2008, la politique de civilisation s’exprimera dans l’école. (…) Nous donnerons la priorité à l’école primaire, que l’on a trop longtemps délaissée sans voir que son affaiblissement était la cause principale des difficultés croissantes du collège. (…) En 2008, la politique de civilisation s’exprimera dans la profonde rénovation de nos universités. (…) Nous devons faire des campus qui soient des lieux de convivialité et d’effervescence intellectuelle. Nous devons offrir à nos étudiants un cadre et des conditions de vie à la hauteur de l’idée que nous nous faisons de la place du savoir dans notre civilisation. En 2008, nous sélectionnerons les dix premiers grands projets de rénovation universitaire qui témoigneront de l’ambition de notre politique dans ce domaine. (…)

INTÉGRATION  » REDONNER UNE CHANCE  »

Je veux que la rupture permette de mettre en oeuvre ce projet de civilisation, que nous exprimerons aussi dans la politique qui prendra à bras-le-corps le malaise des banlieues. Cette politique, nous en parlerons au début du mois de février.

Ce sera d’abord une politique d’intégration, une politique qui concernera avant tout les personnes, qui les soutiendra, qui donnera à tous ceux qui veulent s’en sortir les moyens de le faire, à ceux qui subissent des handicaps particuliers de les compenser, à ceux que la vie a éprouvés de surmonter les épreuves qu’ils ont subies. (…)

C’est une politique qui sera concernée par la réponse que notre société apportera à des questions fondamentales comme celle de savoir comment redonner une chance à celui qui a subi un échec. Fantastique, notre société qui se méfie du succès, suspect à tout point de vue, et est à ce point fascinée par l’échec qu’elle le considère comme insurmontable !

GRAND PARIS  » MODERNITÉ URBAINE  »

(…) Le problème de la ville, je veux le poser en 2008, non comme un simple problème de gestion mais comme une question de civilisation. (…) Quelle ville devons-nous nous efforcer de construire en ce début de XXIe siècle ? (…) C’est la raison pour laquelle j’ai voulu lancer la réflexion sur le Grand Paris, la grande métropole que constitue l’agglomération parisienne, qui doit être considérée dans sa globalité parce qu’elle forme un tout. (…) Je veux faire de ce chantier le laboratoire de la modernité urbaine. Je veux qu’il soit l’occasion de remettre la France au premier rang en matière d’urbanisme et d’architecture.

(…) Je ne laisserai pas ce projet s’enliser. Je ne laisserai personne le bloquer. La situation de l’agglomération parisienne est devenue inacceptable. La dureté de la vie qu’elle impose à un trop grand nombre de ses habitants, les coûts humains, écologiques, sociaux qu’engendrent ses dysfonctionnements ne sont pas supportables.

Paris doit retrouver sa vitalité, son rayonnement, son attractivité, sa créativité, Paris doit redevenir pour le monde entier le symbole d’un art de vivre, de la plus belle ville du monde. Que de nouveau elle étonne, elle surprenne, elle fascine (…)

AUDIOVISUEL PUBLIC  » SUPPRESSION TOTALE DE LA PUBLICITÉ  »

En 2008, la politique de civilisation va s’exprimer dans une rénovation sans précédent de l’audiovisuel public. D’abord bien sûr dans la réorganisation de l’audiovisuel extérieur qui est devenu absolument nécessaire. Je propose que nous accomplissions en 2008 une véritable révolution culturelle dans le service public de la télévision. Le service public existe parce qu’il a une mission particulière. Si les chaînes publiques fonctionnent selon les mêmes critères, selon les mêmes exigences, selon la même logique que les chaînes privées alors on ne voit pas très bien pourquoi il y aurait un service public.

Le service public, son exigence, son critère, c’est la qualité. Sa vocation, c’est d’offrir au plus grand nombre un accès à la culture, c’est de favoriser la création française. Je ne veux pas dire que la télévision publique doit être élitiste ou ennuyeuse, mais seulement qu’elle ne peut pas fonctionner selon des critères purement mercantiles. Je souhaite donc que le cahier des charges de la télévision publique soit revu profondément et que l’on réfléchisse à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques qui pourrait être financée par une taxe sur les recettes publicitaires accrues des chaînes privées et par une taxe infinitésimale sur le chiffre d’affaires de nouveaux moyens de communication comme l’accès à Internet ou la téléphonie mobile.

TRAVAIL  » EXONÉRATIONS CONDITIONNÉES  »

(…) L’hôpital est en déshérence, et les 35 heures lui ont porté le coup de grâce. On va en 2008 changer la gouvernance de l’hôpital de fond en comble. En 2008, nous poursuivrons la politique de revalorisation du travail, parce que le travail, c’est une valeur essentielle, c’est ce par quoi chacun trouve sa place dans la société, c’est ce qui tisse du lien social. Le travail, ce n’est pas un asservissement, c’est une émancipation, c’est un moyen de conquérir sa liberté.

Les exonérations de charges seront conditionnées aux négociations salariales. J’aimerais que l’on me prenne bien au sérieux quand je dis cela. Nous irons jusqu’au bout parce qu’il n’est pas légitime, parce qu’il n’est pas acceptable, qu’une entreprise qui fait beaucoup de bénéfices ne récompense pas ses salariés. On en a parlé en 2007, nous le ferons en 2008. Je ne serai prisonnier d’aucun lobby. En 2008, la politique de civilisation s’exprimera dans notre capacité à mieux partager les rentes et les profits, à partager plus équitablement les résultats des efforts de tous. C’est pourquoi nous allons aller beaucoup plus loin en matière de participation et d’intéressement.

En 2008, nous introduirons davantage d’équité dans le système économique (…). Il faut rééquilibrer la répartition des conséquences du succès entre les salariés et les actionnaires.

Cette volonté d’aller beaucoup plus loin dans le partage des profits va de pair avec celle de promouvoir un capitalisme d’entrepreneurs, un capitalisme familial, plus enraciné dans les territoires. Face à la montée en puissance de fonds spéculatifs extrêmement agressifs et des fonds souverains qui n’obéissent à aucune logique économique, il n’est pas question que la France reste sans réagir. (…) La France assume le choix politique, stratégique, de protéger ses entreprises, de leur donner les moyens de se défendre et de se développer. La Caisse des dépôts, nous allons en faire l’instrument de cette politique de défense et de promotion des intérêts économiques primordiaux de la Nation. Et qu’on arrête d’opposer cette volonté industrielle qui est la nôtre avec le libéralisme, c’est absurde.

EUROPE  » BÂTIE POUR PROTÉGER, PAS POUR INQUIÉTER  »

La présidence française de l’Union sera une autre occasion pour la France de pousser une politique de civilisation. (…) Les citoyens de toute l’Europe réclament de la protection. L’Europe a été bâtie, imaginée pour protéger, pas pour inquiéter. On peut être parfaitement européen et mettre l’Europe au service de la protection. Et ceux qui ignorent la préférence communautaire n’ont, me semble-t-il, rien compris à l’idéal européen. (…) Vouloir faire une Europe politique et s’interdire de prononcer le mot protection, cela n’a aucun sens. (…)

L’Europe a besoin d’une politique de civilisation. Elle a besoin de se débureaucratiser, de s’humaniser. C’est ce que nous avons obtenu avec le traité simplifié mais j’ai bien conscience que le traité simplifié ne va pas réduire à lui seul le fossé entre l’Europe et les citoyens. A la fin de la présidence française, je voudrais que l’Europe ait une politique commune de l’immigration, une politique de la défense, une politique de l’énergie, une politique de l’environnement et à partir de ce moment-là on comprendra ce que signifie l’Europe dans le quotidien des gens.

La politique de civilisation, la France veut la promouvoir à l’échelle européenne et à l’échelle mondiale. Non pour imposer au monde un modèle de civilisation mais pour faire rayonner les valeurs universelles qui sont les nôtres. Nous voulons opposer cette politique de civilisation à la violence, au terrorisme, au fanatisme.

G8  » DEUX MILLIARDS ET DEMI DE GENS QU’ON OUBLIE  »

La France mettra tout en oeuvre pour que le G8 devienne le G 13. J’ai été très étonné à Heiligendamm – en juin – . Je le dis en termes diplomatiques. On se réunit deux jours et demi sans la Chine, sans l’Inde, sans le Brésil, sans le Mexique, sans l’Afrique du Sud. Simplement deux milliards et demi de gens qu’on oublie. Alors évidemment, on les invite pour le déjeuner du troisième jour. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’ils viennent. La France dit : on ne peut pas organiser le monde du XXIe siècle avec l’organisation du XXe.

(…) La France mettra tout en oeuvre pour que l’Allemagne, le Japon, le Brésil, l’Inde et un grand pays africain deviennent membres permanents du Conseil de sécurité. (…) Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant à défendre ces idées. On me dit, c’est compliqué, il faut attendre. S’il faut attendre à chaque fois que c’est compliqué, on va attendre longtemps. Et moi, à la fin de mon quinquennat, je dirai, c’est compliqué. Ce n’est pas la peine de faire de la politique si c’est pour attendre.

IMMIGRATION  » ALLER AU BOUT D’UNE POLITIQUE DES QUOTAS  »

Sur la politique d’immigration, j’ai demandé à Brice Hortefeux d’aller jusqu’au bout d’une politique fondée sur des quotas. (…) Tout le monde sait que c’est la seule solution. Il faut franchir le pas. Il faut arrêter de vouloir protéger les uns, ne pas choquer les autres, avec cela on n’a que des catastrophes. (…) Pourquoi d’un côté les hystériques de l’immigration zéro et pourquoi de l’autre les poseurs en générosité absolue ? Cela donne quoi ? Un taux de chômage des immigrés en France qui est entre 20 % et 30 %. Beau résultat, messieurs les généreux !

RELATIONS INTERNATIONALES  » UNE DIPLOMATIE DE LA RÉCONCILIATION  »

Ce que doit faire la diplomatie française, c’est une diplomatie de la réconciliation. La France doit parler avec tout le monde. Franchement, le charivari un peu ridicule sur la venue de M. Kadhafi… Quand je vois comment il a été reçu en Espagne… (…)

Si nous ne recevons pas des gens qui ont renoncé au terrorisme, qui ont indemnisé les victimes, qui ont libéré les otages, si on ne les accompagne pas vers la respectabilité, qu’est-ce qu’on fera avec les autres ? Qu’est-ce qu’on leur dira ? Bien sûr qu’il faut soutenir le gouvernement de M. Bouteflika, car personne ne veut un gouvernement taliban en Algérie. Bien sûr, il faut aider M. Moubarak en Egypte. (…) Qu’est-ce qu’on veut là-bas, les Frères musulmans ? (…) Et je ne regrette pas d’avoir essayé avec la Syrie, même si nous n’avons pas obtenu de résultat. Parce que la France veut tendre la main, la France veut être honnête, la France veut être de bonne foi.

(Fin du discours liminaire, début des réponses aux questions de la presse)

CARLA BRUNI  » C’EST DU SÉRIEUX  »

Ce qui est extraordinaire, c’est que vous m’avez fait la gentillesse d’attendre la deuxième question. (…) Président de la République, ça ne donne pas le droit au bonheur, pas le droit plus au bonheur qu’un autre, mais pas moins qu’un autre. (…) Je n’ai pas voulu mentir et je me suis inscrit en rupture avec une tradition déplorable de notre vie politique, celle de l’hypocrisie, celle du mensonge. Faut-il que (…) vous me fassiez confiance pour me poser des questions que vous n’auriez jamais posées à un seul de mes prédécesseurs alors que vous saviez. (…) C’est très satisfaisant pour moi, la France évolue. Voilà ce qui était recouvert d’une chape de plomb pour un de mes prédécesseurs que je ne me permets pas de juger, chacun sa vie, la vie est si difficile et si douloureuse. Son voyage à lui, il est vrai que ce n’était pas Louxor c’était Assouan, au moins 200 km de distance, avec avion présidentiel et différentes familles… Tout le monde savait, personne ne parlait. Et avec Carla, nous avons décidé de ne pas mentir. Nous ne voulons rien instrumentaliser, mais nous ne voulions pas nous cacher. Je ne voulais pas qu’on prenne une photo de moi au petit matin, glauque. Je ne voulais pas qu’on prenne une photo de moi le soir et je ne voulais pas que sous le manteau, vous décriviez la même hypocrisie. Vous savez, en 2007, j’ai divorcé, ce ne fut pas la période la plus heureuse de ma vie, j’ai vu quantité d’articles, je me suis dit que certains qui écrivaient ces articles n’avaient jamais dû divorcer, pour écrire de telles choses : que j’avais dû divorcer pour masquer les grèves sur les régimes spéciaux… Je ne leur en ai pas voulu, j’ai simplement eu honte pour eux, d’être si éloignés des réalités de la vie. (…) Avec Carla, nous avons décidé d’assumer et, en décembre, nous avons eu l’idée originale d’aller avec son fils à Disney. Il y a des photos, eh bien très bien, si ces photos sont trop douloureuses, n’envoyez plus de photographes, nous nous ferons une raison. Et lorsqu’on a été en Egypte en vacances, on a décidé, extraordinaire, de visiter les pyramides, très original, et si vous avez peur d’être instrumentalisés, n’envoyez pas de photographe, nos vacances seront excellentes quand même. Et puis vous l’avez compris, c’est du sérieux, mais ce n’est pas le JDD qui fixera la date. (…) Il y a de fortes chances que vous l’appreniez quand ce sera déjà fait.

SON SALAIRE  » ÇA S’APPELLE LA TRANSPARENCE  »

Est-ce que quelqu’un peut dire que c’est choquant que le président de la République ait son salaire fixé par la majorité et l’opposition dans un vote transparent au Parlement ? Et de surcroît j’ai moi-même demandé à ce que désormais le président de la République ne puisse cumuler retraite et salaire et si vous voulez une confidence, à l’arrivée, ça me fait un peu moins que ce que gagnait mon prédécesseur en cumulant retraite et salaire. Voici ma réponse, parce que je trouve que la malhonnêteté, pas la vôtre, naturellement, mais la malhonnêteté a des limites. Ça s’appelle la transparence. Je suis un homme honnête, je n’ai pas eu d’augmentation de mon salaire. Je gagne la même chose que gagnait mon prédécesseur. La différence, c’est que je le gagne après un vote au Parlement qui me met au même salaire que le premier ministre. Et permettez-moi de vous dire que ça s’appelle du populisme, ceux qui ont dit que c’était 140 % d’augmentation. (…) Enfin s’agissant des déplacements et du fameux avion, qu’est-ce qu’on préfère ? Que je me déplace aux frais du contribuable français et que je fasse venir une seconde famille dans un autre avion du contribuable français. Ça, ça vous choquait pas ? (…) Ça n’a pas coûté un centime au contribuable français et puis je vais vous dire autre chose, moi j’assume.

SON POUVOIR  » MOI, ISSU DE LA MONARCHIE ?  »

Vous croyez que je suis le fils illégitime de Jacques Chirac qui m’a mis sur le trône ? (…) Moi, issu de la monarchie ? OK, alors si la monarchie c’est l’élection, c’est plus la monarchie. (…) Je n’ai volé ma responsabilité à personne, j’ai été élu démocratiquement.

Ensuite, il y a le pouvoir, et une Constitution. Vous imaginez que le général de Gaulle ne disait pas à Michel Debré ou à ses premiers ministres ce qu’il souhaitait ? Vous pensez que Valéry Giscard d’Estaing ne disait pas à ses premiers ministres ce qu’il souhaitait ? Ça a même conduit au départ de Jacques Chirac. Et vous pensez, pour prendre un exemple récent, que M. Raffarin dictait sa ligne de conduite à Jacques Chirac ? C’est moi qui ai inventé la Ve République ? (…) Quel pouvoir personnel ? J’assume mes responsabilités, les ministres travaillent, assument leurs responsabilités, à force d’annoncer un remaniement un jour vous aurez raison, ça c’est sûr qu’un jour il y en aura un, mais pas maintenant, nous sommes une équipe qui fonctionne parfaitement bien.

Et je mets au défi quiconque de trouver un président de la République et un premier ministre qui acceptent tant de débats au sein du gouvernement, sans aucune crispation, sans aucun problème. C’est quand même un peu fort de dire pouvoir personnel, autoritaire. Quand Fadela, quand Rama, quand Bernard, quand les uns ou les autres, à un moment donné, ont exprimé des différences, qu’est-ce que j’ai dit ? Rien.

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