Engager une réflexion à l’échelle du bassin de vie

Pierre Simon (Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP)), ©Extramuros nº 16, Hiver 2006 2007
(Edité par la Mairie de Paris chaque trimestre, Extramuros est un outil de dialogue et d’information destiné à tous les acteurs franciliens de la coopération métropolitain)

La question des relations entre Paris et le coeur de son agglomération constitue depuis longtemps une des problématiques les plus importantes pour la vie des entreprises de notre circonscription, mais également une des plus complexes.

Importante, parce que cette zone est une réalité historique, physique et humaine objective, d’un indéniable poids sur la scène mondiale. L’agglomération de Paris se place au 3e rang des agglomérations mondiales pour la création de richesses, dépassant même Londres sur ce point. Complexe, car l’agglomération parisienne vit au quotidien l’interaction des membres qui la composent, où chaque décision d’aménagement, de développement prise sur le territoire, impacte nécessairement les autres.

Logistique urbaine
C’est le cas du port de Gennevilliers dont nous pensons qu’il pourrait être le futur centre névralgique d’une grande partie de la logistique urbaine parisienne. Décider aujourd’hui de construire des bureaux, des projets commerciaux d’envergure ou de conserver du foncier disponible pour les logisticiens ou pour les activités connexes au port ne sont pas qu’un enjeu local, mais bien plus large. De même, l’émergence du pôle Orly-Rungis aura des conséquences bien au-delà de son environnement immédiat, en termes d’attractivité de la région capitale, de logements à construire, de sièges sociaux à accueillir, d’infrastructures de transport à aménager.

Projets de développement territorial
La CCIP a une longue habitude de cette complexité. Elle lui est même quasi-consubstantielle, puisqu’elle la vit depuis sa création. La zone dense (définie par les 4 départements et 124 communes de la petite couronne) correspond en effet à notre territoire d’intervention : notre action y est exercée par quatre délégations départementales, Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.
C’est cette cohérence indéniable de l’espace de l’agglomération dense qui constitue pour tous les acteurs, politiques, administratifs et économiques, une formidable incitation à travailler ensemble.
Aussi, la proposition d’une structure de réflexion souple sur la base du volontariat, soutenue aujourd’hui par la Ville de Paris, différentes collectivités et le Conseil régional nous semble une solution opportune pour aborder les questions et enjeux auxquels le territoire est confronté.
Face aux défis qui attendent l’Ile-de-France en termes de développement économique, de construction de logements ou d’amélioration des transports, la CCIP souhaite que Paris et l’ensemble des communes qui l’environnent puissent aborder ensemble certaines problématiques et porter des projets de développement territorial.
La conférence métropolitaine est aujourd’hui conçue comme un lieu de connaissance et d’échanges. La souplesse doit être l’un de ses fondements, et chacun de ses membres doit pouvoir lancer librement le débat autour d’un sujet, ce que je crois fondamental pour sa pérennité.
Par ailleurs son périmètre d’action centré sur Paris doit permettre d’identifier des “ espaces centraux du coeur de métropole ” à géométrie variable suivant la thématique abordée. Cette délimitation pragmatique évite de se focaliser sur des limites administratives (départements de première couronne) ou sur des espaces aux limites mal définies (“ zone dense ”).

Déplacements
Le Plan de déplacements de Paris est l’exemple parfait d’un sujet dont il aurait été profitable à tous qu’il pût être discuté dès le départ au sein de cette conférence.
Dès le lancement de la démarche d’élaboration du PDP, la CCIP a rappelé que, si les prescriptions contenues dans le PDP concernaient uniquement la capitale, ces mesures auraient bien évidemment des répercussions plus ou moins importantes sur l’ensemble des déplacements de l’agglomération parisienne et même au-delà. C’est l’une des raisons qui nous ont conduits à interroger, dans un sondage réalisé en mars 2006 sur le thème des déplacements, des chefs d’entreprises non pas exclusivement parisiens mais également installés dans les sept autres départements de la région Ile-de-France(1).
Sur ce point, nous avons accueilli très favorablement la décision de la Ville de Paris d’élargir à l’ensemble des communes de l’agglomération parisienne la concertation relative au Plan de déplacements de Paris(2).

Équipements commerciaux
Les questions relatives à l’équipement commercial constituent également un bon exemple de la nécessité d’envisager les questions économiques à une échelle plus large que le seul département. Compte tenu de l’impact de certains projets, la CCIP a proposé à plusieurs reprises, notamment dans certains rapports d’études(3), que soit créée une commission d’équipement commercial compétente pour les projets d’impact interdépartemental, voire régional, cette “ sphère d’influence ” étant particulièrement appréciée par les services de la préfecture lors du dépôt des dossiers.
En Seine-Saint-Denis par exemple, les projets du quartier Canal-Porte d’Aubervilliers tout comme ceux du nord-est parisien sont analysés des deux côtés du périphérique et envisagent des mesures d’accompagnement réciproques, au bénéfice des entreprises et des commerçants concernés.

Le périphérique est un lieu d’échange, non de démarcation
Ces deux exemples montrent qu’une réflexion à l’échelle d’un bassin de vie ou d’emploi, dans laquelle les intérêts des entreprises pourraient être mieux pris en compte, mérite d’être engagée.
Pour contribuer à la construction d’une véritable armature urbaine pour laquelle les CCI de Paris-Ile-de-France se mobilisent dans le cadre des concertations pour le futur SDRIF et dont la traduction sera l’émergence de territoires économiques majeurs, la CCIP adopte une position pragmatique, en souhaitant que toutes les occasions de dialogue et de partenariat puissent être saisies pour conduire le développement harmonieux du coeur de métropole. Nous souhaitons donc apporter notre expertise au service du développement économique du territoire pour une véritable démarche partenariale sur les thèmes des transports, de l’environnement, du logement, de l’emploi et des services essentiels pour la croissance des entreprises et de l’économie.
Ce qui apparaît aujourd’hui comme une évidence, c’est que le périphérique ne doit plus être une frontière, une douve, même s’il s’est élevé sur les traces des “ fortifs ”. C’est, par nature un lieu d’échange, et non de démarcation, et au fur et à mesure qu’il sera couvert, ses abords aménagés de concert, la communication physique en sera grandement facilitée.
C’est là un symbole de ce que nous devons faire, et, qu’à notre échelle, nous faisons déjà à la CCIP, pour la mise en valeur et la diffusion de l’esprit d’entreprendre sur notre territoire.

(1) Sondage réalisé par l’institut MV2 du 22 février au 8 mars 2006 auprès d’un échantillon représentatif de 3 200 entreprises – soit 1 200 à Paris, 1 200 en petite couronne et 800 situées dans les principaux pôles économiques de la grande couronne – la circulation dans Paris ne concernant pas exclusivement les entreprises de Paris.
(2) Communiqué de presse de MM. Delanoë et Baupin en date du 23 juin 2006.
(3) “ Pour un urbanisme commercial équilibré et performant ”, rapport présenté par M. Guy Coste et adopté par l’assemblée générale de la CCIP du 15 novembre 2002.

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