La mosaïque des pouvoirs
Philippe ESTEBE et Patrick LE GALES, « La métropole parisienne : à la recherche du pilote ? « , © Revue française d’administration publique, n°107, 2003,
Qui gouverne l’agglomération parisienne ? Quatre propositions contradictoires sont couramment avancées :
– la métropole est ingouvernable, car il y a trop d’acteurs et d’institutions aux frontières floues, de groupes aux extrêmes de la hierarchie sociale.
– les intérêts économiques sont massivements présents et organisent via des réseaux et leur influence, la gouvernance de la région parisienne, en privilégiant les grandes infrastructures, les réseaux techniques efficaces, la politique immobilière, le prestige, la concurrence internationale.
-la décentralisation impose progressivement sa logique, la région Île-de-France se banalise, et comme la région recouvre assez bien le gros de région urbaine, la région Île-de-France fait office de fait de gouvernement métropolitain en formation.
Dans la mosaïque des pouvoirs de l’agglomération parisienne, on peut discerner une territorialisation de la gestion publique :communes, département, et dans une certaine mesure, la région prennent progressivement du poid dans le gouvernement de l’agglomération, mais sans parvenir à instaurer un gouvernement intégré de la métropole. L’imbrication institutionnelle est sans doute plus inextricable en Île-de-France qu’ailleurs car tous les pouvoirs sont urbains. Ils jouent tous sur le même terrain, même si les échelles sont différentes.
Gouvernement autonome des grandes villes, politique rurale et compensatrice des conseils généraux, développement local et aide aux villes moyennes pour les conseils régionnaux – n’est à l’évidence pas possible ici. Les institutions politiques sont interdépéndantes, comdamnées à coopérer puisqu’elles ne peuvent pas feindre de s’ignorer et que nul ne dispose d’une position éminente lui conférant la qualité de primus inter pares.
Paris sort peu à peu de son isolement historique et cherche à nouer des relations plus serrées avec ses voisines et avec la région.
n°107, p 345-346-349-351